Dépenses publiques : le gouvernement coupe pour financer la défense

En période de consolidation budgétaire, le gouvernement français annonce une nouvelle mesure de réduction des dépenses publiques. Cette décision, d’un montant de cinq milliards d’euros, intervient dans un contexte marqué par une trajectoire de désendettement encadrée.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 9 avril 2025 à 16h49
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Le 9 avril 2025, l’exécutif français a officialisé un ajustement budgétaire de cinq milliards d’euros portant sur les dépenses de l’État. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie de désendettement à moyen terme, destinée à garantir la soutenabilité des finances publiques dans un environnement économique incertain.

Un ajustement inscrit dans une trajectoire budgétaire pluriannuelle

L’annonce faite par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, s’intègre dans la logique définie par la loi de finances pour 2025, adoptée en février de la même année. Cette loi prévoit une réduction de 60 milliards d’euros des dépenses publiques sur plusieurs années, dont 40 milliards d’euros par des mesures directement liées aux dépenses de l’État, des collectivités territoriales, de la sécurité sociale et de ses opérateurs.

Le nouvel ajustement de cinq milliards d’euros, bien que non prévu dans le cadre initial du budget voté, répond à une double contrainte : une baisse des recettes fiscales liée au ralentissement de la croissance, et l’apparition de besoins budgétaires nouveaux dans plusieurs ministères. Le gouvernement précise que cette mesure doit permettre de maintenir le déficit public à 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, objectif validé par le projet de loi de finances, et de poursuivre le redressement progressif vers le seuil de 3 % du PIB d’ici 2029.

Des arbitrages encore en cours sur l’origine des économies

La ventilation exacte de cette réduction de cinq milliards d’euros n’a pas encore été communiquée dans le détail. Selon les informations disponibles, le gouvernement envisage plusieurs leviers : l’annulation de crédits déjà votés, le report de certaines dépenses ou leur redéploiement vers d’autres priorités. Ce choix permettrait de préserver les marges de manœuvre sur les politiques publiques essentielles tout en tenant l’objectif de désendettement.

Une part de l’effort pourrait provenir d’une enveloppe de crédits non encore engagés, notamment au sein de la réserve de précaution constituée en début d’exercice budgétaire, d’un montant total de 9,1 milliards d’euros. Il s’agit, selon le ministère des Finances, d’une opération de gestion budgétaire classique permettant d’adapter la trajectoire en cours d’année à l’évolution de la conjoncture.

Lors de son intervention le 9 avril sur RMC, Amélie de Montchalin a déclaré : « Il y a 5 milliards d’euros d’efforts de plus sur la dépense que nous allons faire dans les toutes prochaines semaines, pour que nous puissions tenir la ligne, tenir ce chemin du désendettement ».

Elle a également précisé : « Comme la croissance baisse, comme on a moins de recettes et comme certains ministères ont de nouveaux besoins, si on veut tenir la cible de déficit, il faut qu’il y ait 5 milliards de dépenses qu’on avait prévu de faire, qu’on ne va pas faire à l’endroit où on voulait les faire, soit parce qu’elles n’auront pas lieu du tout, soit parce qu’on les aura réallouées ».

Des redéploiements partiels envisagés vers la politique de défense

Selon les précisions apportées par le cabinet de la ministre, une partie des crédits redéployés pourrait bénéficier à la mission « Défense ». La priorité affichée concerne le soutien à l’Ukraine ainsi que le renforcement des capacités militaires nationales, dans un contexte marqué par une intensification des tensions géopolitiques.

Le choix de cette orientation budgétaire est cohérent avec les grandes lignes définies dans la loi de finances 2025, qui met en avant la souveraineté stratégique comme pilier de l’action publique. Toutefois, aucune affectation formelle n’a encore été publiée, et les arbitrages devraient être discutés dans le cadre de la conférence sur les finances publiques prévue le 15 avril.

Un signal adressé aux institutions européennes et aux marchés

La décision de procéder à cet ajustement budgétaire en cours d’année s’inscrit dans une volonté de maintenir la crédibilité de la trajectoire budgétaire française. Dans un contexte où la Commission européenne s’apprête à réévaluer les programmes de stabilité des États membres de la zone euro, l’exécutif entend démontrer sa capacité à contenir la progression de la dette publique, attendue à 110,6 % du PIB en 2025.

Cet engagement a également pour objectif de rassurer les investisseurs sur la stabilité macroéconomique française à moyen terme. En dépit de la révision à la baisse des perspectives de croissance, qui pourrait être affectée entre 0,3 et 0,5 point selon plusieurs projections internes, le gouvernement réaffirme sa volonté de piloter le déficit sans remettre en cause les engagements pris à Bruxelles.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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