Droits de douane : l’Union européenne suit Donald Trump

L’Europe suspend. L’Amérique s’agite. Et la Chine, elle, encaisse. À l’heure où Donald Trump redéfinit les règles du commerce mondial, l’Union européenne, elle, opte pour un pari : celui de la négociation.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 10 avril 2025 à 14h15
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Droits de douane : l’Union européenne suit Donald Trump - © PolitiqueMatin

Le 10 avril 2025 marque un nouveau tournant dans l’escalade commerciale internationale. Alors que le président des États-Unis, Donald Trump, annonçait au matin la suspension de ses hausses de droits de douane pour une période de 90 jours – à l’exception notoire de la Chine –, l’Union européenne a immédiatement ajusté sa posture.

Un 10 avril sous haute tension commerciale

Donald Trump, fidèle à sa stratégie de rupture, a suspendu pour une durée de 90 jours ses hausses de droits de douane à l’encontre de l’ensemble des pays du globe — à une exception près, et pas des moindres : la Chine, sur laquelle s’abat désormais un tarif de 125 %. Le reste du monde, lui, bénéficiera d’une pause à 10 %. Une volte-face spectaculaire… et peut-être calculée.

Dans la foulée, l’Union européenne a choisi d’interrompre provisoirement ses propres contre-mesures douanières, expliquant vouloir « laisser place aux négociations ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré dans un communiqué officiel : « Tout en finalisant l’adoption des contre-mesures de l’UE qui ont reçu un fort soutien de la part de nos États membres, nous les mettrons en attente pendant 90 jours ». Une trêve prudente. Et conditionnelle, car elle le précise : « si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures entreront en vigueur. »

L'Union européenne veut suspendre, mais jusqu’où ?

Alors que Donald Trump multiplie les déclarations chocs, l’Union européenne apparaît déstabilisée. Elle est peut-être faible, elle est évidemment lente. À Bruxelles, on temporise, on consulte, on réunit. Et face à un Donald Trump qui « matraque la Chine » et « accorde un répit au reste du monde », la mécanique européenne peine à répondre coup pour coup.

L'enjeu est simple : défendre les intérêts économiques du continent tout en évitant un embrasement commercial. « Des conditions claires, prévisibles sont essentielles au fonctionnement du commerce et des chaînes de production », a insisté Ursula von der Leyen en saluant cette suspension décidée par Donald Trump. Reste que la Commission sait que cette pause pourrait n’être qu’un leurre.

Des marchés euphoriques, mais pour combien de temps ?

La réaction des marchés à l'annonce de Donald Trump ne s’est pas fait attendre, et a d'ailleurs devancé celle de l'Union européenne. Wall Street a bondi : +7,87 % pour le Dow Jones, +12,16 % pour le Nasdaq, +9,52 % pour le S&P 500. En Asie, l’indice Nikkei a pris 9,12 %, et en Europe, le CAC 40, le DAX, la FTSE ou la Borsa Italiana ont ouvert en fanfare. Un sursaut d’optimisme ou une illusion passagère ? « Une demi-bonne nouvelle », a estimé Nicolas Ozanam, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux.

Cependant, en toile de fond, une autre tempête gronde : plusieurs élus démocrates américains soupçonnent Donald Trump d’avoir manipulé les marchés à des fins personnelles. « Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde », ont accusé les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre. Quelques minutes après l’ouverture de la Bourse, le président publiait un message sur TruthSocial : « C’EST LE MOMENT D’ACHETER », suivi, peu après, de l’annonce de la suspension douanière. Le timing laisse songeur.

Donald Trump contre l’ordre commercial mondial

Cette stratégie du coup d’éclat n’a rien d’innocent. Elle vise à imposer, une fois encore, la vision trumpienne des échanges : bilatéralisme dur, protectionnisme assumé, mise à l’écart de l’Organisation mondiale du commerce. L’Europe, attachée aux règles multilatérales, se retrouve une nouvelle fois confrontée à une logique étrangère à son ADN.

Donald Trump ne cherche pas à convaincre. Il cherche à imposer. À faire plier. Et face à cela, l’Union européenne — bloc complexe et diplomatique par nature — doit réinventer sa réponse. Elle a suspendu ses sanctions, mais sans renoncer. « Toutes les options restent sur la table », a rappelé Ursula von der Leyen. Traduction : la trêve pourrait vite se transformer en riposte.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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