Ce duel tant attendu

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Par Philippe Bapt Modifié le 21 avril 2022 à 12h53
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56,5%56,5%-43,5% base de départ de ce débat d?entre deux tours

Eviter le naufrage vs Confirmer son statut de président

Le décor du second tour étant planté depuis dimanche 10 avril 20h01, beaucoup attendaient le débat du second tour avec impatience. Et il y avait de quoi : il y a cinq ans, le match aller avait été catastrophique pour Marine Le Pen emportée par le naufrage qu’elle avait elle-même suscitée. La fatigue avait été la cause avait-on expliqué autour du leader d’extrême-droite ; une campagne très intense, très physique, peut-être trop avait tenté d’atténuer ses soutiens face à ce qui s’apparentait alors à un sabordage en direct. Trop d’agressivité, trop d’imprécisions, trop d’ironie.

Mais « en politique on ne meurt jamais » dit l’adage, de plus ce duel au sommet était attendu depuis quasiment le début du quinquennat. De quoi permettre à cette fois Marine Le Pen, challenger, de se préparer sereinement et être prête le jour J. Avec en outre, un avantage : celui de l’opposante à Emmanuel Macron dont le mandat a été parsemé d’embûches volontaires, comme la gestion de la crise « gilets jaunes » ou le début de gestion de la crise sanitaire sans oublier le scandale McKinsey.

Cette affaire nouvellement sortie, concernant un trop plein de recours à ces cabinets de conseils privés en lieu et place des hauts-fonctionnaires et ce pour un coût « de dingue », avait tout du scandale ! A l’image de celui des « avions-renifleurs » en 1980, à la veille des élections présidentielles de 1981 opposant, là aussi deux adversaires pour la seconde fois dont un était en exercice.

« L’Histoire ne se répète pas mais elle bégaie » (Karl Marx) et donc ce second rendez-vous pouvait promettre des échanges d’une autre teneur qu’en 2017. Madame Le Pen et monsieur Macron se devaient de rendre ce débat intéressant, dynamique mais certainement pas agressif.

En cela, Marine Le Pen a su rester courtoise et sa stratégie était clairement se positionner en mère protectrice du peuple français et ne pas se départir de son sourire.

En face, le président sortant, mais ici candidat finaliste assez franc dans ses coups en campagne envers l’extrême-droite a semblé opter pour une stratégie similaire à celle de 2017 : bon débateur et très technique, alliant à cela une dose d’offensive.

La qualité du débat ?

Lorsqu’à l’issue de ce dernier, les questions sont du ressort de la forme : gestuelle ou ton des débatteurs, il est fort à parier qu’aucun des deux sur le fond ne l’a emporté ! Et c’est bien le cas.

Certes, face à une Marine Le Pen tout en retenu, sourire on assiste à une posture, pardon plusieurs postures d’Emmanuel Macron presque déconcertantes de décontraction, il y a de quoi s’interroger ; cependant, on a assisté à une opposition non pas de programme, ce qui était attendu, mais de posture intellectuelle : le ressenti contre le réel !

A ce niveau-là d’incompréhension, chacun a parlé à son électorat. Là où Marine Le Pen a pêché un tantinet, c’est sur des précisions qu’elle n’a su apporté, entre autre sur le financement de beaucoup de ses mesures phares.

Alors oui globalement le débat était plus agréable à suivre qu’il y a cinq ans. Mais le prix à payer en a été un quasi ennui de ne pas voir s’affronter des projets ou un retour sur le bilan.

Jean-Luc Mélenchon, le Poulidor des élections présidentielles (en moins sympathique), a tweeté hier au sujet de ce débat en parlant de: «gâchis ». Il est et reste dans son rôle de perdant, plus mauvais que magnifique, mais je lui emprunterais ce qualificatif au sujet de la prestation d’ensemble de la challenger Marine Le Pen.

Veut-elle vraiment du mandat élyséen ?

C’est à se le demander. Ce qui a perdu Marine Le Pen il y a cinq ans c’est une forme d’agressivité allié à de l’impréparation manifeste d’un tel rendez-vous, passant de 40% d’intentions de vote avant le débat à 33,5% le dimanche du second tour.

Avec un quinquennat entrain de s’achever qui ne fut pas de tout repos sur beaucoup de fronts, Emmanuel Macron était vulnérable sur plusieurs points.

Certes les deux ont peut-être médité les mots de Jacques Chirac sortant du même débat d’entre deux tours avec Lionel Jospin, en 1995, qui échangeait avec le premier ministre-candidat de l’époque : « On n’a pas été agressifs, c’est bien. Les militants le veulent, mais les Français n’aiment pas ! »

Cependant la posture de Marie Le Pen, presque toujours en défense jamais sur l’offensive me laisse à penser deux choses :

D’une part, son but premier était de ne surtout pas rater son rendez-vous télévisuel,

D’autre part, et c’est une analyse personnelle : certes un débat n’a jamais inversé les tendances, cependant cette atonie permanente m’amène à me poser la question de la réelle envie de Madame Le Pen de se projeter à l’Elysée et avoir le pouvoir et non pas de continuer ce que son père a si bien fait pendant tant de décennies : rester aux portes du pouvoir, dans l’opposition, être élue avec ses proches et faire ainsi fructifier la boutique familiale ?

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets.Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines.Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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