La crise dans les Ehpad en France a atteint un point critique, soulignant des problèmes qui affectent profondément la qualité de vie des personnes âgées. Pourquoi les Ehpad sont-ils en crise et quelles solutions le gouvernement envisage-t-il pour améliorer la situation ?
Grand âge : le “tsunami de vieux” inquiète le gouvernement
Des infrastructures défaillantes pour une population vieillissante
En 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans en France. Cette dynamique démographique oblige à repenser la structure sociétale en faveur du bien vieillir, avec un accent sur la solidarité intergénérationnelle et le soutien familial aux personnes âgées en perte d'autonomie. Aurore Bergé, la ministre des Solidarités, souligne la nécessité de cette adaptation, envisageant un avenir où le vieillissement ne serait pas synonyme de déclin, mais plutôt une source de richesse intergénérationnelle. Le gouvernement français insiste sur l'importance de garantir le respect de la dignité des personnes âgées. Cela passe par un accès facilité aux soins, le maintien de l'autonomie par des activités sportives et une nutrition adaptée, l'amélioration des Ehpad ainsi que par l'exercice des droits culturels des aînés dans tous leurs lieux de vie.
Or, la crise actuelle dans les Ehpad est principalement causée par un manque criant de personnel et de moyens, aggravé par l'inflation. Cette situation est devenue plus évidente depuis la sortie du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, qui a soulevé des indignations et conduit à des promesses de changement peu suivies d’effets. Des témoignages comme celui d'Hélène, dont la mère vit dans un Ehpad, illustrent cette réalité : des résidents mis en pyjama dès 16h30 pour économiser du temps, révélant un personnel débordé et des conditions de vie dégradantes pour les résidents. Des cas de négligence médicale, de manque d'animations, et des conditions de vie inadéquates sont fréquemment rapportés. Bernadette Ojardias, fondatrice d'un collectif de familles d'Ehpad, souligne que, malgré la prise de conscience, peu de changements concrets ont été observés sur le terrain.
Les pistes du gouvernement
Aurore Bergé a annoncé une loi de programmation sur le grand âge, qui fixera un cadre, des objectifs à atteindre d'ici 2030, et des modalités de financement pour préparer la France à la hausse du nombre de personnes âgées en perte d'autonomie. En réponse à la crise, le gouvernement a également lancé des initiatives telles que des contrôles dans les Ehpad et le recrutement d'agents pour ces inspections. Cependant, l'ampleur de ces mesures reste limitée, avec seulement une fraction des établissements inspectés jusqu'à présent. La pénurie de personnel atteint un niveau critique, avec 25 % des adhérents de la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et de services pour personnes âgées) contraints de geler des lits ou de refuser de nouveaux bénéficiaires à domicile. Le gouvernement promet le recrutement de 3 000 aides-soignants et infirmiers en 2023, mais le besoin est estimé à 20 000.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023 prévoit des mesures pour renforcer l'autonomie et le vieillissement à domicile, comme la réforme de la tarification des soins à domicile et le financement de présence supplémentaire auprès des personnes âgées. Le gouvernement envisage de permettre aux seniors d'adapter leur logement pour prolonger leur autonomie à domicile, à travers une prime accessible dès 2024. Il est également question de refondre le système de services d'aides à domicile et de sortir de la tarification à l'heure, en faveur d'une tarification forfaitaire plus juste. Par ailleurs, l’accessibilité des gares et des petits commerces sera renforcée pour faciliter les déplacements des seniors. Une augmentation de la médicalisation des Ehpad est également envisagée.