Nous serons, nous, la gauche de Gouvernement, en mesure de battre le Front national dans les urnes, et de faire reculer ses thèses dans l’opinion, lorsque nous réussirons à démontrer que nos valeurs sont supérieures aux leurs. Il faut engager le combat sur les valeurs.
Le retour en arrière du FN ne résoudra pas la crise française
Je crois profondément que les résultats de notre politique économique et sociale, qui commencent à porter leurs fruits, ne constituent pas le premier défi à relever pour battre le Front national. Pour la simple et bonne raison que les Français ne se tournent pas vers le parti lepéniste pour son programme économique. Oui, nous rencontrons sur le terrain, sur les marchés, lors de nos actions de porte-à-porte, ces gens qui nous disent être tentés par le vote FN. Mais ces électeurs sentent bien qu’on ne redressera pas le pays avec un retour au Franc, ce “Grand Bond en Arrière” qui constitue l’unique perspective économique de l’extrême-droite, et qui, chacun le sait, est une folie qui ruinerait la France en quelques mois.
Rebâtir un discours politique
La leçon que nous devons en tirer c’est qu’il faut sortir de l’économisme, arrêter de parler de milliards et de taux, et rebâtir un discours vraiment politique : des valeurs solides, sur lesquelles l’on s’appuie pour proposer une vision de la société. Et le temps presse pour la gauche, car ces valeurs qui faisaient notre identité sont en train d’être siphonnées. C’est un comble qu’aujourd’hui, pour beaucoup de Français, Marine Le Pen apparaisse comme la plus grande défenseur de la laïcité, alors que son parti d’extrême-droite est encore aujourd’hui composé d’une frange catholique radicale, dont on a pu constater toute la noirceur du discours à l’occasion des débats sur le mariage pour tous.
Reconquérir l'hégémonie culturelle
Mais cela devrait piquer toute la gauche, car la laïcité est précisément au coeur de l’histoire de la gauche républicaine, et reste l’un des ciments de l’identité de toutes les forces de gauche à l’heure actuelle. Si nous ne sommes pas à l’offensive comme nous devrions l’être, c’est que nous avons déserté ces sujets, dans nos débats internes, dans nos réflexions individuelles et collectives, au risque de voir les positions diverger et devenir inaudibles.
Quand des gens comme Alain de Benoist, ou le tristement célèbre Patrick Buisson, ont fourni ces dix dernières années les outils idéologiques à une droite dure pour se réapproprier la Nation, la République, mais aussi la question sociale ou l’intégration, nous étions nous, à gauche et au Parti socialiste, toujours dans une phase de digestion du clivage sur le traité constitutionnel européen et du rapport à l’économie de marché. En sommes-nous sorti ?
Si la gauche veut battre l’extrême-droite et la droite extrême, elle doit, nous devons reconquérir l’hégémonie culturelle. J’appelle mes amis, mes camarades, toute la gauche, à relire Gramsci ! Nous devons faire la démonstration de la supériorité de nos valeurs la solidarité, la laïcité, l’égalité réelle !