A l’issue des départementales, il est manifeste que la gauche a payé le prix de sa division. Elle résiste mais connaît néanmoins un net recul.
Sans pouvoir revendiquer une quelconque forme d’adhésion à un programme qui n’existe pas aujourd’hui, la droite récolte les simples fruits de son unité, et de la "démocratie punitive" que notre pays connait à chaque élection intermédiaire depuis 15 ans. Le Front national atteint des scores historiquement élevés et préoccupants mais n’est nulle part en situation de réunir une majorité pour diriger des collectivités départementales.
Assurer un ancrage républicain dans les collectivités
Face à cette nouvelle donne, le Pôle des Réformateurs appelle la gauche à adopter une position de principe claire : il faut assurer partout un ancrage républicain aux majorités départementales ainsi qu’aux politiques mises en œuvre. Dans les départements où la droite a une majorité relative, un immobilisme de la gauche pourrait laisser certains à droite aller chercher des voix parmi les élus du FN, lors de l’élection du président ou ultérieurement, lors des délibérations du conseil. Pour éviter cela, la gauche doit dès maintenant exprimer sa disponibilité et participer à une discussion pour dégager des compromis sur les grandes orientations, qui écartent toute tentative de rapprochement actuel ou futur de la droite avec le FN.
Le rassemblement de la gauche est nécessaire
Par ailleurs, dans ce cadre politique rendu très incertain par la tripolarité, le rassemblement de la gauche est une nécessité vitale si elle ne veut pas disparaître. Mais ce rassemblement ne peut passer que par l’affirmation de certains repères clairs. Il doit se faire dans la clarté et non la confusion. Certains, au sein de la gauche contestataire entretiennent l’illusion d’une « autre gauche ». Ils n’envisagent en aucune manière de former un rassemblement avec la gauche de gouvernement pour réformer ce pays. Le Parti de gauche n’a ainsi même pas donné de consigne de vote lors des duels entre la gauche et la droite. Ils ne cherchent pas à rassembler mais bien à fracturer la gauche. Alors même qu’il apparait nettement qu’aucune dynamique n’existe dans les urnes ou dans les têtes pour faire émerger un « Syriza » à la française, et que de nombreux écologistes eux-mêmes refusent la dérive radicale de leur parti.
Lutter contre le Front National
Nous considérons qu’un rassemblement est nécessaire et possible. Mais qu’il ne doit pas se construire à l’encontre de ce que pensent la majorité des électeurs de gauche, solidaires du gouvernement. Il ne peut pas se faire au détriment de notre cohérence et de notre efficacité. La gauche doit se rassembler pour lutter contre notre ennemi prioritaire : le Front National. Pour le faire reculer, il faut lutter contre la désespérance sociale mais aussi mener un combat politique sur le plan des valeurs et des propositions, contre la crise morale et identitaire que connaît la France. Car, on ne peut pas considérer que les électeurs du Front national ne seraient que des victimes, dominées par un déterminisme socio-économique. Ce sont des citoyens responsables, auxquels il est absolument nécessaire de s’adresser.
Relever le défi central de l'emploi
La gauche doit, dans le même temps, se rassembler pour dénoncer le cynisme de la droite, et singulièrement de M. Sarkozy, qui compte sur la gauche pour se faire élire contre le FN et sur les électeurs du FN pour se faire élire contre la gauche. Cette attitude est moralement et politiquement condamnable. Dans un pays qui possède un des plus hauts niveaux de protection sociale au monde, la gauche doit se rassembler pour relever le défi central : l’emploi. Tout doit être fait pour favoriser le retour du plus grand nombre vers l’emploi, notamment ceux qui en sont le plus éloignés. Il faut continuer à aider, à inciter les entreprises, et notamment les TPE/PME, à embaucher plus et plus vite. Pour cela, il faut lever les freins à l’embauche. Il faut s’attaquer aux contraintes qui pèsent sur l’emploi et qui dissuadent bien souvent les entreprises même lorsqu’elles ont des perspectives positives de recruter. Les partenaires sociaux comme les responsables politiques auront à prendre leurs responsabilités dans ce domaine. Il faut aussi investir davantage, dans le public comme le privé, par exemple dans un grand plan de constructions de logements.
Au moment où notre politique commence à porter ses fruits, où le pouvoir d’achat progresse (bien au contraire des pays qui connaissent de vraies crises d’austérité), où le rythme de réduction des dépenses est adapté à la conjoncture, avec 4 % de déficit public, le rassemblement peut rimer avec débat et ajustement, mais pas avec illisibilité et revirement.