Le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, diffusé sur France 2 le 23 mai 2024, a suscité de vives réactions dans le paysage politique français. Cet affrontement entre le Premier ministre et le chef de file du Rassemblement National (RN) pour les élections européennes de 2024 a mis en lumière des tensions et des divergences profondes sur les questions européennes.
Élections européennes : un duel tendu entre Attal et Bardella
Une stratégie offensive de Gabriel Attal
Gabriel Attal a adopté une approche offensive dès les premières minutes du débat, interrogeant Jordan Bardella sur les contradictions de son programme. Une des attaques majeures de Gabriel Attal a porté sur la proposition du RN concernant la « priorité nationale dans le marché unique sur la commande publique », une idée qu'il a reliée aux origines du parti avec Jean-Marie Le Pen. Cette tactique visait non seulement à déstabiliser Bardella mais aussi à rappeler aux spectateurs l'héritage du RN, que beaucoup accuse d'avoir été fondé par des nazis, quand bien même Jean-Marie Le Pen ne l'était pas.
Dans cet échange, Gabriel Attal a montré selon ses soutiens une grande maîtrise des dossiers européens, ce qui a permis de mettre Jordan Bardella sur la défensive. D'autres regrettent au contraire de nombreuses erreurs du Premier ministre, dont aucune n'a été relevée par la tête de liste du Rassemblement National, ce qui montre selon eux une méconnaissance des dossiers. Les commentateurs politiques ont noté que Bardella a eu du mal à imposer ses arguments et à sortir de cette posture défensive tout au long du débat.
Un Jordan Bardella inefficace à force d'être prudent ?
De son côté, Jordan Bardella a opté pour une stratégie prudente, évitant les erreurs et les excès d'arrogance, et surtout certains sujets qui s'opposent à la stratégie de dédiabolisation du RN. Cependant, cette prudence a parfois été perçue comme un manque d'initiative, notamment lorsqu'il n'a pas su répondre efficacement aux attaques de Gabriel Attal. Cette attitude a pu empêcher Bardella d'exposer pleinement son programme, le laissant souvent réagir plutôt qu'agir.
Les supporters du RN ont néanmoins salué la performance de Bardella, le qualifiant de « grand Premier ministre » potentiel, soulignant sa capacité à rester calme sous la pression. Certains de ses électeurs estiment très probable que l'Assemblée nationale soit dissoute en cas de victoire du RN aux élections européennes, quand bien même le gouvernement a mis officiellement fin à ces espoirs. D'autres, plus rares, espèrent même une démission d'Emmanuel Macron. Ces espérances peu crédibles permettent au Rassemblement National d'appeler les électeurs à ne pas se disperser et à se concentrer sur leur liste, même si elle ne reflète pas complètement leurs opinions.
Pourquoi un débat entre deux partis ?
Sans surprise, Renaissance comme le Rassemblement National estiment que leur champion respectif a gagné. En revanche, les autres partis en lice pour les élections européennes sont soit indifférents, soit agacés. Pour eux, ce débat est une façon de voler les élections aux Français en leur faisant croire qu'il n'existe que deux listes possibles, alors que le scrutin des élections européennes se fait à la proportionnelle, sur un seul tour. Pas de vote utile donc, ou un vote utile inversé, pour qu'un maximum de liste atteigne les 5% qui permettent d'avoir des députés européens. Une stratégie qui invite justement à la dispersion contre laquelle le Rassemblement National se bat.