Les chiffres de 2024 sur les émissions de gaz à effet de serre révèlent des tendances contrastées. Après une année 2023 prometteuse, la dynamique semble s’essouffler. Quels secteurs peinent à suivre le rythme ? Et quelles en sont les conséquences sur la stratégie climatique française ?
Émissions de CO2 : la France risque-t-elle de manquer ses objectifs ?
Alors que les regards se tournent vers la neutralité carbone visée pour 2050, les premiers signaux d’un essoufflement des efforts climatiques se font sentir.
Une dynamique en berne : la lente décrue des émissions
Depuis trois ans, la France affichait des baisses notables de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). En 2023, une chute impressionnante de 5,8 % avait marqué les esprits. Mais en 2024, la tendance s’inverse : une baisse timide de 2,4 % est enregistrée sur les trois premiers trimestres, selon le Citepa. Pire encore, le troisième trimestre accuse une hausse symbolique de 0,5 %, un fait inédit depuis 2021.
Cette stagnation interroge. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, se veut rassurante sur RTL : « Nous restons sur la bonne trajectoire. » Pourtant, pour respecter l’Accord de Paris et atteindre la neutralité carbone en 2050, une réduction annuelle de 4,7 % des émissions est nécessaire. La marge de manœuvre se réduit dangereusement.
Les bâtiments représentent une source majeure d’inquiétude. En septembre, une vague de fraîcheur a provoqué une hausse de 11,8 % des émissions liées au chauffage résidentiel et tertiaire. Selon le Citepa, ce secteur est l’un des principaux responsables de la contre-performance du troisième trimestre.
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC-3), pourtant ambitieuse, peine à mobiliser des investissements suffisants pour rénover les logements et améliorer l’efficacité énergétique. Si ces efforts ne s’accélèrent pas, la France risque de manquer ses objectifs climatiques à moyen terme.
Les transports : des progrès insuffisants
Le transport routier, qui reste le premier contributeur des GES en France, montre également des signes de faiblesse. Les émissions augmentent de 1,1 % au troisième trimestre. Malgré la montée en puissance des véhicules électriques, les ventes restent bien en deçà des prévisions : 299 000 véhicules vendus en 2024 contre les 430 000 espérés.
Des solutions existent pourtant : développement des infrastructures de recharge, soutien à l’achat de véhicules verts et transformation des habitudes de mobilité. Mais les mesures restent insuffisantes pour générer un impact massif.
Le ralentissement observé en 2024 rappelle une vérité : les réductions d’émissions étaient souvent conjoncturelles. Retour des centrales nucléaires, météo favorable ou activité économique réduite, ces facteurs ne garantissent pas des progrès durables.
Pour Agnès Pannier-Runacher, l’urgence climatique impose de ne « pas baisser la garde ». Cependant, les choix budgétaires et politiques actuels montrent un décalage inquiétant entre les discours et les actes.