La campagne de second tour d’Emmanuel Macron paraît plus compliquée que prévu, à tel point qu’on peut se demander dans quelle mesure il n’est pas victime de la loi de Murphy, celle de l’emmerdement maximal. Voici la liste des contrariétés qu’il engrange depuis dimanche soir…
L’épiphénomène de la Rotonde devient une polémique obsédante
Dimanche soir, Emmanuel Macron organise un dîner pour 150 invités à la Rotonde, à Montparnasse, après son discours triomphaliste à la porte de Versailles. Il s’y rend en voiture officielle, escorté par des motards. Il y retrouve Jacques Attali et quelques autres vedettes. L’effet bling-bling est désastreux, et donne d’emblée le sentiment que le candidat considère sa victoire comme acquise.
Un candidat introuvable pour une loi de Murphy qui s’annonce
Le lendemain, Emmanuel Macron est aux abonnés absents. Marine Le Pen est sur le terrain. Il n’en faut pas plus pour nourrir les soupçons sur une suffisance excessive du candidat quant à sa réussite.
Le ni-ni et l’abstention font des émules
Dans ce contexte incertain, suivre Macron et le Front Républicain ne s’impose plus comme une évidence. Jean-Luc Mélenchon, qui a ouvert le bal du doute dimanche soir, prend soin de ne rien dissiper les jours suivants. Il ne donne aucune consigne de vote… Les Républicains lui emboîtent le pas. Marine Le Pen n’en demandait pas autant.
La catastrophe Whirlpool
Macron organise à Amiens, une rencontre avec l’intersyndicale de Whirlpool. Marine Le Pen en profite pour se rendre sur place. Le contraste entre l’énarque enfermé dans un bureau et la populiste au milieu des ouvriers est saisissant. Macron décide de se rendre sur place et peine à s’y faire entendre.
Attali renié par son fils spirituel
Le matin fatal de Whirlpool, Jacques Attali qui se projette en faiseur de Président déclare à la presse que la fermeture de l’usine Whirlpool relève de l’anecdote. C’est une déflagration qui oblige le secrétaire général d’En Marche à répondre illico sur Twitter:
« Ce que dit Attali sur Whirlpool est une méprisable anecdote : qu’il se taise ! Avec Emmanuel Macron nous luttons pour l’emploi ».
Parisot candidate à la gamelle
Manifestement sourde aux avertissements lancés après la gaffe Attali, Laurence Parisot piaffait trop d’impatience et n’a pas hésité à se déclarer candidate au poste de Premier Ministre d’Emmanuel Macron. Ses propos méritent d’ailleurs d’être lus:
Elle indique, selon Marianne, dans un article intitulé « Quel Premier ministre pour Macron ? Laurence Parisot se dit disponible », être prête pour Matignon. Interrogée par l’hebdomadaire sur la possibilité de se voir proposer le poste, elle répond : « J’ai plusieurs fois dit que j’étais disponible à faire des choses. J’ai une expérience, je suis crédible. Donc je peux être prête. »
Question compliments, Laurence Parisot a en tout cas retenu qu’on n’était jamais mieux servi que par soi-même. Après un passage chaotique chez Whirlpool, le staff de Macron perçoit le danger de cette course aux postes dans l’élite parisienne. Le secrétaire général d’En Marche (encore lui) arrête le ballon sur la ligne et répond:
Nous menons campagne pour rassembler et servir la France, d’autres rêvent à leur carrière. Dérisoire, inconvenant et vaniteux.
On ne plaisante plus, chez Macron.
Les premiers sondages tombent
Emmanuel Macron enregistre les premiers contrecoups de ce mauvais départ. Il recule dans les sondages.
Les législatives, mères de toutes les pressions
Problème pour Macron: il n’a pas de députés élus sous son étiquette, et il en aura besoin pour gouverner. Que faire? Bayrou et Valls lui expliquent qu’il serait bien plus à l’aise en faisant alliance avec les vieilles gloires sortantes. Macron résiste. Le résultat ne tarde pas à se faire attendre. Bayrou le désavoue publiquement:
« L’idée que l’on polluerait, ou que l’on troublerait, ou que l’on pèserait sur l’élection présidentielle, par la distribution d’investitures pour les élections législatives qui vont venir plusieurs semaines après, est une idée baroque », a expliqué François Bayrou dans l’émission « L’Épreuve de vérité » diffusée sur Public Sénat, en partenariat avec l’AFP, les Echos et Radio Classique.
Cette précaution n’a bien entendu rien à voir avec la volonté de Bayrou de préserver un maximum de postes pour sa formation…
De son côté, Cambadélis commence à tirer la laisse socialiste:
Jean-Christophe Cambadélis estime qu’Emmanuel Macron n’a pas pris « en compte la gravité de la situation », au soir du premier tour de l’élection présidentielle, a-t-il déclaré sur Franceinfo, jeudi 27 avril. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) s’est dit « inquiet » « depuis le premier soir ».
Là encore, on imagine que les inquiétudes de Cambadélis s’apaiseraient rapidement si Macron lui donnait la certitude de son soutien dans sa circonscription du XIXè arrondissement…
Quand ça veut pas, ça veut pas.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog