Après un premier meeting remarqué de son mouvement En Marche devant près de 3000 personnes réunies à la Mutualité, Emmanuel Macron ne cache plus ses ambitions. Mais son ambigüité agace autant à gauche qu’à droite.
La gauche se lâche contre Macron
Il est ministre de l’Economie et n’hésite pas à lancer un grand meeting qui ressemble, à s’y méprendre, à un lancement de campagne. Sans n’avoir jamais dit clairement qu’il était candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron n’a pas hésité à parler de l’élection à venir. « A partir de ce soir, nous devons être ce que nous sommes, c'est-à-dire le mouvement de l'espoir », a-t-il lancé avant d’ajouter : « Ce mouvement, nous le porterons ensemble jusqu'à 2017 et jusqu'à la victoire. »
Le lendemain, comme si de rien n’était, il se rendait en Conseil des ministres, sous le regard un brin agacé de ses collègues. C’est Manuel Valls qui a manifesté le plus clairement son mécontentement. « Il est temps que tout cela s’arrête », a-t-il lancé au micro de BFM TV. Mais au fond, ce qu’on lui reproche le plus, c’est de cultiver une certaine ambigüité, de rester au gouvernement tout en affichant ses ambitions, de parler de 2017 tout en remerciant François Hollande pour la confiance qu’il lui a accordée.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, a, de son côté, fait remarquer que « quand on est ministre, on n'est pas libre de sa parole ». Anne Hidalgo, la maire de Paris y est allée, elle aussi, de son commentaire fustigeant un homme qui se présente comme « antisystème », lui « qui a été un énarque, qui vient d'une banque d'affaires, qui a été quand même conseiller du président de la République » et qui a mis en œuvre « une bonne partie de la politique économique du pays ».
Pourquoi François Hollande ne fait rien ?
A droite, on pointe aussi du doigt l’ambigüité du ministre de l’Economie qui ne dit pas assez clairement les choses. « C'est un peu ambigu, on ne sait pas très bien s'il est candidat, s'il n'est pas candidat », a estimé l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur RTL. D’autres lui reprochent une certaine hypocrisie : « Tenir un discours de droite, en étant Ministre d'un Gvt de gauche auquel il s'accroche : le double jeu de #Macron est d'une totale hypocrisie », a commenté sur Twitter le député et ancien ministre Thierry Mariani.
Dans ce contexte, comment interpréter le silence de François Hollande ? Se réserve-t-il une réponse à l’occasion de la traditionnelle interview du 14 juillet ? Certains commentateurs voient dans ce silence la marque d’un fin stratège qui laisse une voix à sa droite s’exprimer pour mieux apparaître en rassembleur de la gauche en vue de sa réélection. On ne sait pas encore si cette stratégie sera payante. Là seule chose que l’on constate, c’est que la ligne politique du gouvernement est encore moins clair qu’avant...