Selon une enquête Elabe pour Les Echos et Radio Classique, publiée mercredi 1er février, Emmanuel Macron pourrait devancer François Fillon et accéder au 2nd tour de la présidentielle. Mais comment expliquer cette popularité qui ne repose sur aucun programme ?
Les déboires de François Fillon et la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche laissent à Emmanuel Macron un boulevard devant lui. Les soutiens ne cessent de s’accumuler venant de droite, du centre et de gauche mais on notera que ces ralliements paraissent, à cette heure, un brin prématurés, dans la mesure où on ne connaît pas encore le programme présidentiel du candidat Macron.
Certains diront, à juste titre, que Marine Le Pen n’a pas non plus présenté son programme et qu’elle est pourtant en tête des sondages. Seulement voilà, à la différence de Marine Le Pen, Emmanuel Macron est un « objet politique non identifié ». Il n’est ni de gauche, ni de droite. Il veut conserver les 35 heures mais souhaite aussi « réformer en profondeur » l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). On ne sait pas qui est Macron et ce qu’il souhaite pour la France.
« Je ne crois pas que le programme de François Fillon soit libéral sur le plan économique, il est au contraire profondément conservateur », expliquait-il à nos confrères du Monde en novembre dernier. « Il y figure la suppression de certaines normes comme peuvent le proposer des libéraux, mais le libéral, lui, s'attaque à des rentes, à des blocages dans l'économie, œuvre pour la mobilité sociale, il fait donc autre chose que de favoriser ceux qui ont déjà réussi ! » Il nous tarde donc de connaître ce qu'est un vrai programme économique libéral.
Macron, un populiste du centre
Sa popularité ne serait-elle pas plutôt le signe de l’immense désarroi dans lequel sont plongés les Français ? Emmanuel Macron présente bien, ce n’est pas idéaliste, il semble progressiste tout en assumant un côté libéral. Le mot n’existe pas mais il semblerait qu’on devrait le créer pour lui. On connaît les populistes de droite et les populistes de gauche, avec Emmanuel Macron, on découvre qu’on peut également être aussi populiste au centre.
On prend des idées à droite, on prend des idées à gauche, on ne parle surtout pas des sujets qui fâchent, on va dans le sens du peuple, on affiche un déterminisme à toute épreuve et le tour est joué. En continuant sur cette lancée, l’ancien ministre de l’Economie peut espérer attirer à lui encore de nombreuses voix mais, un jour, il va bien falloir qu’il le sorte son programme et qu’il le défende. Alors là, le débat deviendra intéressant. Aujourd’hui on assiste juste à l’ascension d’un produit marketing qui ne dit pas son nom.