Les patrons grondent, Éric Lombard persiste. Tandis que le ministre de l’Économie défend sa politique fiscale, les grandes entreprises dénoncent une pression insoutenable.
Éric Lombard, le ministre qui fait fuir les entreprises ?
Une fiscalité qui exaspère les chefs d’entreprise
Les grandes entreprises françaises font entendre leur colère. Bernard Arnault, patron de LVMH, n’a pas mâché ses mots : « La France devient un pays où il est impossible d’entreprendre sans être assommé de taxes ».
Eric Lombard a pourtant balayé d’un revers de main les menaces de délocalisation brandies par le MEDEF. « Je ne crois pas que les entreprises vont quitter la France en masse. Les patrons savent que notre pays offre des infrastructures, une main-d’œuvre qualifiée et un marché dynamique », a-t-il déclaré. Une réponse qui a fait bondir les dirigeants d’entreprise, convaincus que la pression fiscale nuit gravement à leur compétitivité.
Comparaison des taux d’imposition sur les sociétés | France | Allemagne | États-Unis | Irlande |
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Taux nominal d’impôt sur les sociétés | 25 % | 15 % | 21 % | 12,5 % |
Contribution sociale additionnelle | 3,3 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Taxation sur les dividendes | 30 % | 26 % | 20 % | 25 % |
Les chiffres sont sans appel : la France reste l’un des pays les plus gourmands fiscalement. Pour les entreprises, l’addition est trop lourde et pousse certaines à regarder ailleurs.
Éric Lombard et son obsession de l’État interventionniste
Au-delà de la question fiscale, une autre déclaration du ministre a provoqué la surprise des uns et la colère des autres. Interrogé sur la place du libéralisme en France, Éric Lombard a eu cette phrase : « La France n’a jamais été un pays libéral et ne le sera jamais. Nous sommes un pays d’État, où l’intervention publique est essentielle. »
Ces propos, tenus alors que les entreprises demandent moins de contraintes et plus de flexibilité, ont provoqué un tollé. Pour le patronat, il s’agit d’un aveu : la France assume pleinement une politique économique où l’État contrôle, taxe et décide du sort des entreprises. « À force d’étouffer l’initiative privée, on se retrouvera sans entrepreneurs, mais avec des fonctionnaires », ironise un dirigeant du CAC 40.
Un ministre inflexible sur la rigueur budgétaire
Malgré la fronde patronale, Éric Lombard campe sur ses positions. Il a réaffirmé son objectif de réduire le déficit public et de ne pas céder aux « sirènes du libéralisme débridé ». Parmi ses propositions, une surtaxe temporaire sur les grandes entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1,5 milliard d’euros, censée rapporter 8 milliards d’euros, une augmentation des droits de mutation sur les transactions immobilières, pour permettre aux collectivités d’augmenter leurs recettes.
Eric Lombard prévoit enfin une réflexion sur la fin du remboursement à 100 % des médicaments pour les foyers les plus aisés, afin de limiter les dépenses de santé. Cela voudrait dire que les foyers aisés, qui contribuent autant voire plus que les autres aux recettes de la Sécurité sociale, seraient privés de ses avantages de plus en plus rares.
Mesures envisagées | Objectif budgétaire | Impact sur les entreprises |
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Surtaxe des grandes entreprises | 8 milliards d’euros | Hausse des prélèvements fiscaux |
Augmentation des droits de mutation | Renflouement des collectivités | Hausse du coût des transactions |
Limitation du remboursement des médicaments | Réduction des dépenses publiques | Impact sur le pouvoir d’achat |
Ces décisions ne font qu’accentuer la colère des chefs d’entreprise. « On nous demande de payer toujours plus, sans jamais toucher aux dépenses publiques », déplore un responsable du MEDEF.
Un bras de fer à l'issue incertaine
Bien qu'Eric Lombard persiste à croire que les avantages concurrentiels de la France sont suffisants pour garder les entreprises dans son giron, l'avenir pourrait bien lui donner tort. Alors qu'un tiers des jeunes diplômés partent travailler à l'étranger, la France offre de moins en moins de talents, et surtout, à des tarifs prohibitifs.
Assommées de taxes en tous genres, les entreprises doivent choisir entre réduire leurs marges, donc leurs capacités à se développer et investir, ou augmenter leurs prix, donc détourner les Français de leurs produits. Un dilemme qui rend la délocalisation de plus en plus attrayante.