Goldman Sachs a annoncé ce lundi 31 mars une mise à jour de ses projections économiques, relevant à 35 % la probabilité d’une récession aux États-Unis d’ici les douze prochains mois. Cette révision marquée, précédemment établie à 20 %, reflète une conjonction d’indicateurs défavorables, des indices de confiance en berne, un climat de défiance ainsi que d’importantes tensions commerciales.
États-Unis : Goldman Sachs évalue le risque de récession à 35%

La récession, symptôme d’un climat économique dégradé
Goldman Sachs utilise désormais ouvertement le terme récession, justifiant cette alarme par une dégradation de plusieurs indicateurs de l'économie réelle américaine. L’un d’eux, et non des moindres, le ralentissement des revenus réels. Dans son rapport, Goldman Sachs précise que la croissance des revenus réels a décéléré et devrait atteindre en moyenne seulement 1,4 % en 2025.
L’investissement aussi bat de l’aile, tout comme la consommation des ménages. Deux piliers de la croissance qui s’effritent. Mais ce sont les fondamentaux macroéconomiques eux-mêmes qui préoccupent les analystes. Le produit intérieur brut (PIB) américain pour le premier trimestre 2025 est déjà tombé à un maigre 0,2 %, forçant l’établissement à revoir sa projection annuelle de croissance de 1,5 % à seulement 1,0 %. Une stagnation économique se profile, avec un taux de chômage prévu à 4,5 % d'ici décembre prochain.
L’inflation attisée par les ambitions douanières de Donald Trump
Mais ce diagnostic noir n’est pas tombé du ciel. En ligne de mire, la politique commerciale du camp Trump. Les experts de Goldman Sachs ont pointé du doigt les déclarations répétées des conseillers républicains quant à leur volonté assumée de « tolérer une douleur économique à court terme pour atteindre des objectifs politiques ». Une stratégie qui ne cache pas ses intentions. La banque d’affaires prévoit une hausse des droits de douane américains à 15 % en 2025, une deuxième révision à la hausse en moins d’un mois.
Une telle offensive commerciale, si elle se concrétise, risque de doper artificiellement les prix, alimentant l’inflation déjà tenace. À ce titre, Goldman Sachs s’attend à ce que l’indice des prix PCE, un indicateur de l'augmentation moyenne des prix pour l'ensemble de la consommation personnelle, grimpe à 3,5 % d’ici fin 2025, bien au-dessus de l’objectif des 2 % fixé par la Réserve fédérale (Fed). La boucle est donc bouclée. Avec des tarifs plus élevés, les prix vont augmenter ce qui va entraîner une baisse du pouvoir d’achat, puis un ralentissement de la demande.
Quand la politique étrangère s’invite dans les prévisions économiques
Ce qui rend la perspective plus corrosive, c’est la lecture géopolitique sous-jacente. L’administration Trump agite la menace de nouveaux droits de douane. Une stratégie qualifiée de « douleur assumée » dans le rapport cité, reflet d’une posture plus offensive vis-à-vis des adversaires économiques des États-Unis, notamment la Chine et la Russie. Cette orientation protectionniste n’est pas sans effets collatéraux.
Elle amplifie l’incertitude pesant sur les marchés et dissuade l’investissement privé. Une mécanique déjà perceptible selon les économistes de la banque : « Si les indices de confiance ont été un mauvais indicateur de l’activité ces dernières années, nous sommes moins enclins à écarter le déclin actuel car les fondamentaux économiques ne sont pas solides », a affirmé Goldman Sachs dans des propos partagés par le WSJ. Derrière ce constat, se dessine une stratégie politique qui utilise l’économie comme levier électoral. Et tant pis pour la stabilité.