À New York, une initiative législative relance le débat sur la vente directe de véhicules électriques. Tesla, qui bénéficie d’une dérogation spécifique, pourrait voir son modèle de distribution remis en cause dans un contexte politique de plus en plus tendu.
Etats-Unis : à New York les démocrates veulent frapper Tesla au portefeuille

Depuis le 27 avril 2025, une proposition de loi déposée par des élus démocrates à New York place Tesla au centre d'une nouvelle controverse politique. L'objectif affiché : révoquer les licences spéciales permettant à l'entreprise de vendre directement ses véhicules aux consommateurs. Cette offensive s'inscrit dans un contexte politique national bouleversé par l’élection présidentielle américaine de 2024 et l'évolution des positions de figures majeures comme Elon Musk.
La dérogation historique de Tesla remise en question
Depuis plus d'une décennie, Tesla bénéficie à New York d'un statut particulier lui permettant de vendre ses véhicules sans passer par un réseau de concessionnaires indépendants. Cette dérogation avait été instaurée pour favoriser l'essor des véhicules électriques en contournant les lois traditionnelles de protection des franchises.
Aujourd'hui, plusieurs élus, emmenés par la sénatrice Patricia Fahy, considèrent que ce traitement spécifique ne se justifie plus. Ils estiment que maintenir une telle exception revient à créer une situation de monopole contraire aux principes de concurrence équitable. La proposition de loi vise ainsi à supprimer ces licences, obligeant Tesla à vendre ses véhicules par l'intermédiaire de distributeurs franchisés, comme l'exige la législation pour la plupart des autres constructeurs.
Une rupture politique dans un climat polarisé
La dynamique politique autour de Tesla a évolué après l’élection de Donald Trump en 2024 et la nomination d’Elon Musk à la tête du Department of Government Efficiency (DOGE). Cette collaboration avec l’administration républicaine a refroidi les relations entre Tesla et une partie des responsables démocrates.
Patricia Fahy, auparavant soutien de la marque pour son rôle dans la transition énergétique, explique désormais vouloir « corriger » son ancienne position. Pour elle, maintenir les privilèges accordés à Tesla reviendrait à soutenir indirectement une administration qu’elle accuse de ralentir les efforts contre le changement climatique.
Cette prise de distance s'inscrit dans un mouvement plus large : plusieurs élus démocrates remettent en cause les avantages commerciaux accordés aux entreprises perçues comme proches de la nouvelle administration fédérale.
Enjeux économiques et stratégiques
L’impact potentiel de la réforme dépasse la seule situation de Tesla. En imposant l'obligation de passer par des concessionnaires tiers, l’État de New York enverrait un signal fort sur la régulation du marché automobile à l’échelle nationale.
Pour Tesla, qui mise sur un modèle de vente directe pour contrôler l'expérience client et ses marges commerciales, l’adoption du projet de loi serait un revers stratégique. Elle interviendrait à un moment critique, marqué par une baisse de 71 % des bénéfices enregistrée au premier trimestre 2025.
Plus largement, l’initiative pourrait inciter d'autres États à revoir également leurs régulations en matière de distribution automobile, impactant ainsi l'ensemble des acteurs émergents du marché des véhicules électriques, tels que Rivian ou Lucid Motors.
Un débat sur l'équilibre entre innovation et régulation
Les opposants au projet de loi dénoncent une volonté politique de cibler un acteur économique sur des bases idéologiques. Selon eux, forcer Tesla à abandonner la vente directe reviendrait à freiner l'innovation commerciale et à pénaliser un modèle qui a su séduire une partie des consommateurs américains.
Le sénateur républicain Jacob Ashby résume cette position en affirmant que « le gouvernement ne devrait pas choisir les gagnants et les perdants dans cette affaire », défendant ainsi l’idée d’une neutralité de l’État face aux modèles économiques innovants.
Pour les partisans de la réforme, au contraire, il s'agit de rétablir des conditions de concurrence loyales dans un secteur où les règles en vigueur protègent traditionnellement les réseaux franchisés, censés garantir un équilibre économique local.