F-35 : une dépendance américaine qui inquiète les alliés occidentaux

Les chasseurs F-35, conçus par Lockheed Martin, sont devenus un élément central de nombreuses forces aériennes européennes. Ils sont considérés comme incontournables pour les armées occidentales. Mais les pays qui les achètent ont-ils un contrôle total sur ces appareils ou restent-ils sous l’influence des États-Unis ?

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Par Grégoire Hernandez Publié le 18 mars 2025 à 13h00
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F-35 : une dépendance américaine qui inquiète les alliés occidentaux - © PolitiqueMatin

F-35 : un chasseur ultra-connecté dépendant de Washington

Le F-35 n’est pas un avion comme les autres. Sa technologie repose sur une connectivité permanente avec des infrastructures américaines. Un élément clé de cette dépendance réside dans le logiciel ALIS (Autonomic Logistics Information System), remplacé aujourd’hui par ODIN (Operational Data Integrated Network). Ces plateformes centralisent toutes les données liées à la maintenance, aux missions et à la mise à jour des systèmes d’armement.
Les informations collectées par ces logiciels sont envoyées vers des bases situées aux États-Unis, à Fort Worth (Texas) et Eglin (Floride). Cela signifie que même si un pays européen possède ces avions, il dépend du bon vouloir de Washington pour maintenir leurs pleines capacités opérationnelles. En cas de coupure prolongée de connexion aux serveurs américains, les F-35 continueraient de voler, mais avec un fonctionnement dégradé :

  • Absence de mises à jour des radars et des logiciels de combat, réduisant leur efficacité face à des menaces évolutives.
  • Impossibilité de commander des pièces détachées via les circuits officiels, rendant leur maintenance problématique.

Comme l’explique Xavier Tytelman, expert en aéronautique, "il est marqué noir sur blanc dans les contrats qu’il faut se connecter au moins tous les 30 jours au serveur américain pour que le système de préparation de mission continue à fonctionner convenablement".

Pas de "kill switch", mais...

Contrairement aux rumeurs, il n’existe aucun bouton magique permettant aux États-Unis de désactiver instantanément un F-35 à distance. Le général Frédérik Vansina, chef de la défense belge, l’a confirmé : "Les F-35 ne sont pas des avions téléguidés. Je n’ai pas connaissance d’un bouton jaune aux États-Unis qui permettrait de mettre au sol les F-35 de tel ou tel pays."
Toutefois, cela ne signifie pas que Washington n’a pas de leviers pour influencer l’usage de ces appareils. En restreignant l’accès aux mises à jour logicielles et aux pièces détachées, les États-Unis pourraient considérablement limiter l’efficacité des F-35 utilisés par des pays jugés trop indépendants.
Ce risque n’est pas purement théorique. Lors des négociations pour la vente de F-35 aux Émirats arabes unis, il a été révélé que Washington pouvait désactiver la furtivité de l’appareil à distance, ce qui a conduit Abou Dabi à abandonner un contrat de 20 milliards de dollars en faveur du Rafale français.

Un dilemme pour les pays européens

De nombreux pays européens, comme la Belgique, l’Allemagne ou le Canada, ont investi des milliards dans le programme F-35. Mais certains commencent à s’interroger sur cette dépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis. Le Canada a par exemple annoncé qu’il réévaluait son contrat de 88 appareils, notamment en raison des immenses tensions actuelles entre les deux nations.
Pour d’autres pays, comme le Portugal, la solution a été plus radicale : Lisbonne a renoncé à l’achat de F-35, préférant se tourner vers des alternatives européennes comme le Rafale de Dassault Aviation ou l’Eurofighter Typhoon.

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