La gauche et la droite françaises vont devoir très rapidement mettre à jour leur logiciel anti-FN si elles veulent avoir une chance de convaincre les électeurs de ne pas voter pour ce parti lors des prochaines consultations.
Jusqu’à présent, l’argument ultime des détracteurs de Marine le Pen se formulait ainsi : « Marine le Pen, c’est la version soft de son père» ; « Au FN, la devanture du magasin a changé mais pas la marchandise » ; « Marine le Pen a modernisé le FN mais ne l’a pas modéré », etc. En résumé, l’on répétait à l’envi que Marine et Jean-Marie, c’était kif-kif à quelques détails cosmétiques près.
Marine Le Pen a tué le père
Depuis la suspension du président-fondateur du FN décidée par sa fille, il devient compliqué de s’enfermer dans ce discours qui, avant même cette dernière crise, semblait déjà en décalage avec la réalité. Certes, sur l’immigration et la préférence nationale, Marine le Pen reste fidèle aux grands principes édictés en son temps par son paternel. Mais sur l’antisémitisme qu’elle rejette interview après interview, sur Pétain et le régime de Vichy qu’elle n’excuse pas, sur la Shoa, abomination nazie qualifiée par son père de « point de détail » de l’histoire de la seconde guerre mondiale, elle diverge clairement de l’homme du 21 avril. C’est même à la suite de plusieurs interventions médiatiques de son père sur tous ces sujets qu’elle a décidé de rompre définitivement avec celui qui continue de se prévaloir d’un titre de président d’honneur du Front National.
Le Front national en orbite pour la présidentielle 2017 ?
Affranchie de ce passé qui ne passait pas, Marine le Pen peut désormais construire ce grand parti de gouvernement dont elle rêve et préparer l’élection présidentielle de 2017 (les récents sondages la placent en tête au premier tour devant Nicolas Sarkozy et François Hollande). Subsiste cependant un obstacle potentiel sur la route de la présidente du Rassemblement Bleu Marine : que le « patriarche », dans sa folie infanticide, aille jusqu’à se présenter lui aussi en 2017 afin d’empêcher sa fille d’accéder au second tour.