Il y a quelques jours, lors de l’annonce des mauvais chiffres du chômage, une fois encore et ce alors que François passait l’An III de son règne, j’assistais à un débat sur le sujet où tous les intervenants larmoyaient en chœur, car voyez-vous, en matière de chômage, "on a pourtant tout essayé".
Vraiment ? Je dirais plutôt qu’en tant que peuple, on a tout essuyé, c’est-à-dire que voilà bien une quarantaine d’années que nous subissons en effet une multitudes d’expériences d’économie politique en la matière, toute aggravant invariablement ou presque notre situation. Mais dire qu’on a tout essayé, cela relève du mensonge éhonté, rien à moins. Car le mécanisme du chômage, donc ses causes et ses remèdes, sont en réalité connus depuis le XIXe siècle, pas moins. La France a ainsi eu le privilège de compter parmi ses députés le grand Frédéric Bastiat qui déjà avant 1850, dans ses _Harmonies Economiques_, elles-mêmes inspirées de Jean-Baptiste Say, décrivait le lien entre chômage et politique économique. Voici donc plus de 160 ans que la solution est connue.
Le chômage, un mécanique économique simple
Mais elle n’est pas de nature à plaire à tout le monde, du moins pas à ceux qui ne connaissent pas le chômage et qui n’ont aucun intérêt à changer la donne. Ainsi le chômage n’est qu’un mécanisme économique des plus simples, il relève de la loi de l’offre et de la demande. Pour qu’un employeur embauche, il faut – mais il ne suffit pas – qu’il considère que le candidat salarié présente le potentiel de lui faire gagner marginalement plus que ce qu’il lui coûtera. Voilà tout.
Bien des politiques tentent d’agir sur la demande, mais la plupart oublient les coûts, voire les alourdissent. Or la demande, sur un marché désormais mondial, est essentiellement hors du contrôle d’un gouvernement, quel qu’il soit. On peut certes créer un marché artificiel, tel celui des détecteurs de fumée inutiles, mais ce n’est pas cela qui résorbera le chômage de masse.
Faire table rase du passé
En 1850, écoutons ce que Bastiat déjà remarquait : « _Voilà une puissance nouvelle dans le monde, et qui portera, j'espère, un rude coup à ce monstre qu'on nomme chômage. La restriction [du libre-échange, ici du marché du travail] a pour tendance et pour effet (elle ne le nie pas) de placer plusieurs industries du pays, et par suite une partie de sa population, dans une situation précaire._ » La levée des restrictions sur le marché du travail, voilà la piste à suivre.
La clé est donc dans les coûts du travail, au sens large. Or ces coûts ne sont pas que du salaire, il y a bien d’autres sources au monstrueux coût du travail en France. Au point même où dans bien des domaines, nous arrivons à être trop chers sans pour autant que nos salariés soient les mieux payés. Il faut ainsi refondre toutes les farces du droit du travail. Rigidité, CE, syndicats, inspection du travail, 35 heures, CDI et CDD, comme charges sociales en tous genres, voilà ce qu’il faut essayer de poser sur la table, et les essuyer d’un geste large ! Mais qui en aura le courage ?