La France envisage de reconnaître l’État palestinien : ce que prépare Emmanuel Macron pour juin

Le 9 avril 2025, dans une interview de l’émission « C à vous » diffusée sur France 5, le président Emmanuel Macron a confirmé que la France pourrait reconnaître l’État palestinien « en juin », à l’occasion d’une conférence internationale coorganisée avec l’Arabie saoudite à New York. Cette annonce intervient alors que le chef de l’État rentrait d’un déplacement hautement symbolique en Égypte, marqué par une visite à quelques kilomètres de la bande de Gaza.

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By Stéphanie Haerts Published on 10 avril 2025 19h00
La France envisage de reconnaître l'État palestinien : ce que pré…
La France envisage de reconnaître l’État palestinien : ce que prépare Emmanuel Macron pour juin - © PolitiqueMatin

Emmanuel Macron a tranché d’un ton ferme : « Je ne le ferai pas (...) pour faire plaisir à un tel ou un tel mais parce que ce sera juste ». Le président inscrit cette initiative dans une perspective stratégique : « On doit aller vers une reconnaissance et donc dans les prochains mois on ira ».  L’événement diplomatique envisagé, une conférence coprésidée avec Riyad, pourrait devenir le théâtre d’une double reconnaissance : celle de la Palestine par plusieurs pays occidentaux, mais aussi celle d’Israël par des pays arabes encore réticents.

Reconnaissance de l’État palestinien : un pari stratégique pour redessiner les équilibres régionaux

Ce projet présidentiel ne s’inscrit pas dans un élan solitaire. « Notre objectif c’est, quelque part en juin, avec l’Arabie saoudite, de présider cette conférence [...] où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs », a-t-il détaillé dans la même intervention sur France 5. L’idée ? Mobiliser un consensus international sur la base de la solution à deux États, régulièrement piétinée depuis des décennies. L’initiative française survient après une série de reconnaissances officielles intervenues en 2024 par des pays européens : l’Irlande, la Norvège, l’Espagne et la Slovénie ont franchi le pas.

Aujourd’hui, ce sont près de 150 États dans le monde qui reconnaissent officiellement la Palestine comme un État à part entière. L’Hexagone, quant à lui, a longtemps joué la carte de la prudence. Mais Macron entend briser cette inertie. Il évoque la nécessité de participer à une « dynamique collective » et d’encourager « tous ceux qui défendent la Palestine à reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d’entre eux ne font pas ». Une allusion claire à des États comme l’Iran, régulièrement accusés de nier le droit à l’existence d’Israël.

Un geste applaudi par Ramallah, contesté à Tel-Aviv et divise en France

La réaction ne s’est pas fait attendre du côté palestinien. Varsen Aghabekian Shahin, ministre d’État aux Affaires étrangères, a salué la déclaration française, la qualifiant de « pas dans la bonne direction, conforme à la défense des droits du peuple palestinien et à la solution à deux États », peut-on lire sur France Info. À l’inverse, les autorités israéliennes, par la voix de Gideon Saar, ministre des Affaires étrangères, ont fustigé une « récompense pour le terrorisme » si la France reconnaît unilatéralement la Palestine sans conditions de sécurité ni engagement clair contre les organisations armées.

Sur le sol français, la classe politique est tout aussi fracturée. L’ancien président François Hollande a exprimé son soutien, y voyant un « bon processus » à condition qu’il s’inscrive dans une reconnaissance mutuelle. Le Rassemblement national, de son côté, y voit une opération hasardeuse et : « prématurée », l'État palestinien étant aujourd'hui « adossé au Hamas », a dénoncé Sébastien Chenu dans des propos rapportés par TF1 Info.

Emmanuel Macron, entre idéal diplomatique et calcul politique

Ce geste hautement symbolique pourrait bien redessiner la politique étrangère française, jusque-là alignée sur une position d’attente face à la question palestinienne. Il s’inscrit dans une vision que Emmanuel Macron décrit comme « juste » et stratégique : « Il faut être clair pour lutter contre ceux qui nient le droit d’Israël à exister, ce qui est le cas de l’Iran, et nous engager sur une sécurité collective de la région ». Mais la reconnaissance, aussi solennelle soit-elle, ne réglera pas d’un trait la complexité du dossier.

La solution à deux États, défendue par Paris, est aujourd’hui rejetée par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Le contexte régional demeure explosif, entre escalades militaires et radicalisation politique. La France s’avance donc en terrain miné, espérant que sa posture d’équilibriste, reconnaissance de la Palestine d’un côté, rappel du droit d’Israël à l’existence de l’autre, suffira à fédérer.

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Rédactrice finance

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