Nous vivons sous le règne de l'apparence et chacun y va de sa bonne conscience en affichant les idéaux les plus nobles, tant que cela n'engage à rien en fait. En privé, beaucoup soutiennent mon combat et mon action, mais si je leur demande de se mobiliser ou de faire une action collective, alors là, c'est beaucoup demander.
Les regards se détournent et la gêne s'installe : ils n'ont pas le temps, ils ne savent pas, ils ont leur réputation à défendre, leur carrière à préserver... en somme, ils ont peur finalement. Pourtant, la plupart d'entre nous émettons un jugement sans appel sur ces français qui, durant l'occupation, fermaient les yeux devant les rafles ou, pire, collaboraient avec l'occupant nazi. Mais, les français de l'époque risquaient d'être fusillés. Aujourd'hui, sommes-nous occupés à ce point par un tel ennemi que nous en avons perdu le goût et le courage de nous battre pour notre liberté ?
Les intellectuels de salon, les journalistes donneurs de leçon et les acteurs à Cannes savent briller devant les flashs et les projecteurs pour déclamer leurs belles conscience et les beaux sentiments mais ferment les yeux et se taisent quand je leur parle des traques psychiatriques orchestrées chaque année en France à une échelle statistique au point que l'on peut parler de véritables rafles pratiquées dans l'indifférence générale. J'ai été chroniqueur pendant des années, et gratuitement, pour le site Contrepoint et Atlantico, parce qu'ils se présentent comme des défenseurs de la pensée libérale, mais maintenant que j'ai besoin d'eux aujourd'hui pour contourner le mur des médias, ils font comme si je n'existais plus.
Et je n'ose pas parler des libéraux de salon, ces intellectuels qui n'ont jamais connu la rue, comme moi je l'ai connu, ne sachant pas de quoi j'allais pour me nourrir au quotidien, ils m'ont lâché depuis l'affaire de l'agrégation (jury Salin). Pour se rencontrer dans les plus beaux endroits afin d'évoquer les concepts de liberté, ils sont certainement les plus doués et je les ai admiré pour cela, mais pour s'engager et se battre réellement pour les droits humains fondamentaux, ils ne sont plus là. La plupart de ces universitaires prétendument "libéraux" sont trop attachés à la progression de leur carrière dans la fonction publique qu'ils ne voudraient tout de même pas attaquer l'Etat.
Il ne faut tout de même pas trop en demander aux théoriciens du libéralisme. Pareillement, j'ai pris sur mon temps et ma vie de famille, pendant toutes ces années, pour soutenir l'action des hommes politiques dont j'admirai et partageai l'engagement, notamment Alain Madelin ou Charles Millon, pour ne citer que les plus éminents. Maintenant que leur intervention me serait bien utile, et à part Charles Millon qui me fait l'honneur de m'accueillir chez lui chaque fois que je monte à Paris et mon éditeur Jean Robin (Editions Tatamis) dont le courage n'a d'égal que ses qualités exceptionnelles de coeur et sa lucidité sans pareille d'analyse, aucun n'a relayé mon combat. Je suis juste bon à coller leurs affiches...
Encore une fois, je tressailli d’écœurement à chaque fois que j'observe ce décalage béant entre le discours des hommes politiques, toujours les plus prompts à défendre par les mots les causes les plus justes, et leur action réelle quand ils parviennent au pouvoir. Enfin, pour finir, je voulais dire que je tente encore d'écouter sur RMC l'émission d'Eric Brunet à 13h, carrément Brunet, mais sans enthousiasme dorénavant. En effet, Eric Brunet était pour moi comme le héros et combattant de la liberté de penser et du droit à la différence dans le microcosme médiatique parisien. En effet, à l'occasion de cette affaire terrible du jury de l'agrégation, présidé par Pascal Salin, qui m'avait valu une cabale et une mise à l'index orchestrée par les syndicats et relayée par la presse - même Charlie Hebdo avait fait une caricature contre nous -, il avait pris ma défense au travers son best-seller "Etre de droite, un tabou français".
A l'époque, il m'invita à participer à l'émission de Stéphane Bern, "l'arène de France" diffusée sur France 2. Ce talk-Show s'est avéré être pour moi un véritable traquenard sordide au cours duquel il ne m'adressa jamais la parole, ni avant, ni pendant et ni après. Pourtant, son livre a bien marché et je n'ai rien touché dessus alors qu'il consacre un chapitre entier à cette cabale. Aujourd'hui, j'ai besoin de lui et, lors que mon dernier séjour à Paris, où je fus accueilli en toute amitié chaleureuse et sincère par mon ami Charles Gave, de l'institut des libertés, j'ai pris contact avec Eric Brunet par l'entremise de mon attaché-presse. Il n'a pas daigné me parler ni me recevoir. Il n'avait pas le temps. Moi, mon temps, on me la volé pendant deux ans...
Dans ce combat vital pour la liberté et les droits de l'homme, qui sont bafoués en France par le lobbie psychiatrique, il y a ceux qui subissent en silence car ils ont peur de l'internement à vie, il y a ceux qui parlent mais ne risquent rien et, enfin, il y a ceux qui agissent en se mettant en danger au quotidien. Les parleurs sont les plus nombreux mais les acteurs sont les plus précieux. Bien-sûr, la plupart des gens sont prisonniers de leur confort, leur routine, leur réussite matérielle et leur habitude de penser au point qu'ils préfèrent ne pas se mobiliser, mais qu'ils ne s'étonnent pas de se réveiller un jour sous une dictature.
Article publié initialement sur le blog de Jean-Louis Caccomo