Alors que le gouvernement peine à maîtriser ses finances, la Cour des comptes tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Le déficit public s’emballe, la dette explose, et les mesures d’ajustement budgétaire ressemblent davantage à un bricolage temporaire qu’à une véritable stratégie de redressement. Mais derrière ces chiffres vertigineux, c’est bien la gestion politique qui est en cause. Entre postures électoralistes, absence de vision structurelle et reports systématiques des réformes, la France continue sa trajectoire à grande vitesse vers un crash budgétaire.
La France “perd le contrôle” sur ses dépenses, alerte la Cour des Comptes

La publication du rapport de la Cour des comptes le 13 février 2025 a eu l’effet d’un énième signal d’alerte sur les finances publiques de la France. Mais ce cri d’alarme ne surprend plus grand monde. Depuis plusieurs années, le même scénario se répète : un déficit public toujours plus abyssal, des dépenses incontrôlées et une dette qui semble hors de toute maîtrise. Cette fois, la Cour ne mâche pas ses mots : avec un déficit de 6,0 % du PIB en 2024 et une dette qui dépasse 3 300 milliards d’euros, la France est « au pied du mur ».
Le déficit public de la France en roue libre, un État qui s’obstine dans l’aveuglement
Depuis plus de 20 ans, la France ne parvient pas à maîtriser ses dépenses publiques. Si les crises successives – Covid-19, guerre en Ukraine, inflation – ont légitimement nécessité des interventions budgétaires, l’excuse ne tient plus. Le vrai problème vient de la bureaucratie et des collectivités qui continuent de multiplier les dépenses sans réelle contrainte.
Le rapport de la Cour des comptes est sans équivoque. En 2024, le déficit public s’est creusé bien au-delà des prévisions initiales. Initialement fixé à 4,4 % du PIB, il a finalement atteint 6,0 %, soit un dérapage monumental. Pire, cette tendance s’installe durablement. Contrairement à d’autres pays européens qui ont amorcé un retour à l’équilibre, la France persiste dans une politique de dépense illimitée. D’une part, la dépense publique a continué de croître plus vite que la richesse nationale. En 2024, elle a progressé de 1,7 % en volume, dépassant la croissance du PIB, qui plafonne à 1,1 %. D’autre part, la gestion des finances locales est pointée du doigt. Les collectivités territoriales ont augmenté leurs dépenses de 3,6 %, un record en dix ans, notamment à travers des embauches et des investissements peu justifiés.
Du côté du gouvernement, la réaction est quasi inexistante. L’exécutif préfère multiplier les rustines fiscales. La Cour des comptes alerte pourtant : sans réformes profondes, la dette pourrait atteindre 125 % du PIB en 2029, voire 130 % en 2031.
Un budget 2025 qui ressemble à un simple rafistolage
Le projet de loi de finances pour 2025 repose sur des paris hasardeux et des décisions purement politiques. L’objectif affiché est une réduction du déficit à 5,4 % du PIB. Plutôt que d’engager des réformes structurelles, l’exécutif mise sur des hausses temporaires des prélèvements obligatoires, notamment à travers une surtaxe sur les grandes entreprises. Une mesure qui pourrait rapporter 15 milliards d’euros, mais qui, comme toute taxe exceptionnelle, risque surtout de ralentir l’investissement et la compétitivité.
Certaines aides instaurées durant la crise du Covid-19 seront progressivement supprimées, ce qui devrait permettre une économie d’environ 10 milliards d’euros. Mais ces ajustements sont largement insuffisants pour redresser la barre. Le cœur des dépenses publiques, notamment les dépenses sociales et les frais de fonctionnement de l’État, continue de croître à un rythme supérieur à la croissance économique. En 2026, la France devra une nouvelle fois revoir ses objectifs et prolonger encore le calendrier de retour sous les 3 % de déficit.
Pourquoi les Français devraient s’inquiéter
Un déficit non maîtrisé signifie moins de marges de manœuvre pour financer les services publics essentiels. Santé, éducation, infrastructures : tous ces secteurs risquent des coupes brutales dans les prochaines années.
La crédibilité financière de la France est en jeu. Si la dette publique continue d’exploser, le pays risque d’être sanctionné par les marchés financiers, ce qui pourrait se traduire par une augmentation du coût de la dette et une nouvelle vague d’austérité imposée par l’Union européenne.
La France est à un tournant budgétaire. Soit le gouvernement prend enfin des décisions courageuses en réduisant certaines dépenses, soit la situation continuera de se détériorer jusqu’à une crise financière majeure. Pour l’instant, tout porte à croire que l’exécutif espère que la croissance reviendra miraculeusement régler le problème.