Découvrez le livre de Jean-Marc Borello et Jean-Guy Henckel, en librairie depuis le 5 février (Éditions du Cherche midi). Les deux auteurs, figures incontournables de l'entrepreneuriat social, y partagent leur vision d'un autre monde, plus solidaire.
Abraham Lincoln a dit : "Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance." J’aime beaucoup cette phrase et je la trouve très juste. Je suis profondément convaincu que l’effort éducatif fait en direction des jeunes, notamment des adolescents, ne peut être que bénéfique pour la société entière. L’éducation est un merveilleux rempart contre la délinquance. Elle apporte le sens critique, le sens de l’intérêt général, la capacité à s’investir dans une activité épanouissante personnellement et socialement utile.
C’est cette considération qui me pousse à être assez critique vis-à-vis des diverses politiques que mène notre pays à l’égard de la jeunesse, notamment en matière de traitement de la délinquance avec la solution sécuritaire centrée sur l’incarcération. Les attitudes dans la société sont parfois contradictoires. Si certains reprochent leur prétendu laxisme aux autorités judiciaires, avec, par exemple, la libération conditionnelle de prisonniers, d’autres à l’inverse dénoncent la politique sécuritaire, qui se traduit par le fait que les prisons sont surpeuplées. Mes questions sont celles-ci : pourquoi les prisons sont-elles si pleines ? À quelle politique sociale correspond cette démarche ?
J’aimerais aborder ce sujet difficile sereinement, à l’écart des affrontements partisans. Je fais le constat suivant : la prison est l’institution qui a le taux d’échec le plus important, car nous en sommes pour certaines catégories de détenus à 80 % de récidive. Or, quelle serait notre réaction si nous apprenions qu’une institution qui échoue huit fois sur dix continue de fonctionner sans aucune remise en cause ?
Alors que cet état de fait devrait nous conduire à repenser la prison, il y a un refus du débat public sur cette question. La pensée dominante prétend que la solution à la délinquance, notamment celle des jeunes, est l’augmentation du nombre de places dans les prisons. Même si cela entraîne une augmentation du nombre de personnes placées en situation d’échec !