François Bayrou face à la menace des extrêmes

François Bayrou, récemment nommé Premier ministre, travaille à la composition d’un gouvernement. Il doit équilibrer les sensibilités politiques et répondre aux attentes sociétales, tout en sécurisant un soutien parlementaire pour éviter la censure.

Un casting aux multiples facettes : les ambitions de François Bayrou

François Bayrou, homme politique expérimenté, souhaite former un gouvernement de coalition. Selon les informations de France 2, il souhaite s'entourer de figures clés. On parle notamment de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur sortant, qui devrait être reconduit. Ses propos fermes sur l'application des OQTF et les différents sujets sécuritaires avaient satisfait un certain nombre de Français. Toutefois, beaucoup restent sceptiques et attendent des résultats avant de fixer leur jugement.

Des personnalités issues de la social-démocratie pourraient également être intégrées pour apaiser les tensions au sein de l'Assemblée nationale. Cependant, l'ouverture à d'anciens socialistes reste incertaine, la plupart étant réticents à s'éloigner de la ligne officielle de leur parti. François Bayrou pourrait donc se diriger vers d'anciens socialistes. Il ambitionne un gouvernement inclusif, mais cette stratégie rencontre des limites, notamment face à l’opposition frontale des partis de gauche et d’extrême droite.

Les lignes rouges d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, en retrait officiel, exerce néanmoins une influence notable. Le président exige que le gouvernement Bayrou soutienne ses réformes structurantes. Ainsi, alors que François Bayrou suggère une alternative à l'augmentation de l'âge légal à 64 ans, Macron reste inflexible sur l'application des mesures votées en 2023.

Emmanuel Macron veut également  consolider la dette publique tout en intégrant des mécanismes favorables à la transition écologique. Un défi qui a tout de la gageure tant les énergies renouvelables et l'électrification du parc automobile sont un poids pour les finances publiques. Enfin, Emmanuel Macron souhaite éviter un recours trop fréquent au 49.3. Cet outil considéré comme antidémocratique par l'Assemblée nationale et la population avait en effet beaucoup déplu pendant les gouvernements d'Elisabeth Borne et Michel Barnier.

La censure de la gauche, l'épée de Damoclès au-dessus de Bayrou

Les forces de gauche, bien que divisées, rejettent globalement François Bayrou et son projet de gouvernement. Elles s'opposent notamment aux mesures économiques jugées antisociales, appelant à des manifestations nationales pour contester ces orientations, tout en exigeant l'inclusion de mesures sociales dans le budget pour envisager un apaisement.

L'opposition à la réforme des retraites reste centrale, avec un rejet catégorique du report de l’âge légal à 64 ans, et une revendication explicite pour un retour à 62 ans. Enfin, la gauche exprime une méfiance envers l’ouverture du gouvernement à des personnalités de droite, menaçant de bloquer les débats par le dépôt massif d’amendements si aucune figure progressiste n’est intégrée à l’équipe ministérielle.

Le Rassemblement National espère peser dans la balance

Le Rassemblement National, tout en s'opposant officiellement à Bayrou, joue une carte subtile. Marine Le Pen critique ouvertement un manque de fermeté sur les questions migratoires mais évite une censure frontale, espérant des élections anticipées qui lui seraient favorables.

Pour le Rassemblement National, deux points sont particulièrement importants. D'abord le renforcement des mesures de contrôle migratoire, afin de limiter les entrées sur le territoire français et toutes les conséquences de l'immigration galopante, notamment en termes sécuritaires. On retrouve cependant ces conséquences dans le niveau scolaire et la crise du logement. Cependant, le Rassemblement National affiche aussi des positions plus à gauche en matière économique en demandant la révision de certaines politiques sociales perçues comme coûteuses.

Les Français inquiets pour leur pouvoir d'achat

Les Français, s'ils essaient de croire dans les réformes que pourrait apporter le gouvernement de François Bayrou, restent particulièrement sceptiques. Beaucoup souhaitent que le nouveau Premier ministre prenne en compte les difficultés croissantes liées au pouvoir d'achat, au logement et à la santé. Comme le souligne un sondage récent cité par Le Monde, 67 % des Français estiment que le gouvernement doit prioriser les mesures sociales pour répondre aux urgences quotidiennes. A l'inverse, un Français sur deux estime qu'il faudrait plutôt réduire les dépenses publiques.