De retour de sa mission au Rwanda, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme adressa son rapport au Conseil de sécurité. Il s’était rendu à Kigali et à Byumba et s’était entretenu avec des représentants à la fois du gouvernement intérimaire et du FPR. Son rapport appelait à une ferme condamnation des massacres de civils. Il conclut que des violations extrêmement graves des droits de l’homme avaient eu lieu au Rwanda et se poursuivaient. Il refusa cependant d’en attribuer la responsabilité.
Les membres du Conseil de sécurité n’ont pas jugé le rapport particulièrement utile. Bien que la plupart des positions au sein du Conseil soient restées figées, il semblait y avoir un léger changement dans la position américaine. La représentante américaine suggéra la création d’une zone de protection avec une force internationale assurant la sécurité le long de la frontière rwandaise. Cette approche, soutenait-elle, serait moins complexe et nécessiterait moins de troupes qu’une nouvelle mission de l’ONU.
Avec le changement subtil de la position américaine, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 918, qui imposait un embargo sur les armes aux deux parties et exigeait qu’un cessez-le-feu soit conclu et que les massacres cessent. Une force de l’ONU de cinq mille cinq cents soldats a été autorisée. Les efforts se sont ensuite concentrés sur la recherche des troupes pour constituer cette force.
Lors d’un débat ouvert sur le Rwanda, tenu à la mi-mai, le représentant tchèque a remis en question la description de la situation comme une crise humanitaire. « Ce n’est pas une famine ou une catastrophe naturelle », déclara-t-il. De l’avis de sa délégation, la seule description exacte était le génocide.
C’était la toute première fois qu’un membre du Conseil de sécurité utilisait publiquement le mot de génocide pour décrire les événements au Rwanda. Mais même cela n’a pas poussé le Conseil de sécurité à agir. Au lieu qu’une décision soit prise, le secrétaire général a informé le Conseil qu’une autre mission serait envoyée pour évaluer la situation.