Gérald Darmanin, nouveau ministre de la Justice, se lance dans une lutte acharnée contre le narcotrafic en France. Sa stratégie : frapper au portefeuille des trafiquants, alourdir les peines pour corruption d’agents de l’État et renforcer les moyens judiciaires.
Gérald Darmanin déclare la guerre aux narcotrafiquants
Le 2 janvier 2025, lors d’une visite à Marseille, Gérald Darmanin, fraîchement nommé ministre de la Justice, a exposé son plan pour combattre le narcotrafic. Avec des annonces comme la saisie des biens des trafiquants avant leur condamnation, et la mise à l’isolement des 100 narcotrafiquants les plus influents, Gérald Darmanin promet des actions pour un problème qui mine la société française depuis des décennies.
Gérald Darmanin fustige les moyens alloués à la justice
Gérald Darmanin a reconnu les lacunes actuelles du système judiciaire, notamment le manque de personnel, et a annoncé des renforts significatifs pour les magistrats et les services spécialisés. « En France, seulement 2 % du budget de l’État est consacré à la justice. Ce n’est pas suffisant », a-t-il martelé.
Il a par ailleurs promis que la programmation de 1 600 nouveaux postes dans la justice sera validée cette année : « Ces renforts sont indispensables pour que les trafiquants soient jugés rapidement et que les peines soient exécutées ».
Frapper les narcotrafiquants au portefeuille
Lors de sa conférence de presse à Marseille, Gérald Darmanin a insisté sur l’importance de s’attaquer aux ressources financières des trafiquants. Ainsi, une loi de mai 2024 autorise la confiscation immédiate des biens, des voitures aux propriétés immobilières. De plus, le ministre prévoit un déplacement aux Émirats arabes unis pour améliorer le traçage des avoirs criminels.
Face aux réseaux capables de menacer et corrompre agents publics et policiers, Gérald Darmanin a également annoncé des mesures plus sévères, comme les instructions renforcées pour une poursuite systématique des menaces et corruptions et la création de circulaires pénales visant à protéger les dépositaires de l’autorité publique.
Enfin, Gérald Darmanin souhaite empêcher les trafiquants incarcérés de continuer leurs activités depuis leur cellule par l'installation de systèmes de brouillage des télécommunications et l'assignation à des quartiers d’isolement dédiés.
À gauche : scepticisme et critiques sur les priorités
Néanmoins, pour les partis de gauche, les annonces de Darmanin manquent d’équilibre. Plusieurs responsables dénoncent une approche trop répressive, négligeant les politiques de prévention et de réduction des risques.
Des voix s’élèvent également pour critiquer l’absence de réflexion sur la légalisation contrôlée de certaines substances.
À droite : un accueil mitigé
Si les partis de droite saluent globalement l’initiative, certains estiment que les mesures annoncées restent insuffisantes. Marine Le Pen a appelé à des actions encore plus radicales, notamment la suppression systématique des réductions de peine pour les trafiquants.
D'autre part, des élus locaux du parti Les Républicains exigent des moyens supplémentaires pour les forces de l’ordre sur le terrain. Ces moyens doivent s'inscrire dans la durée. Plusieurs personnalités politiques critiquent notamment les opérations coups de poing, dont Gérald Darmanin s'était fait l'expert lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Ces actions s'apparentent, selon eux, plus à un coup de communication qu'à une véritable politique de lutte contre le narcotrafic.
Le narcotrafic, une économie souterraine qui prospère
Le narcotrafic en France génère plusieurs milliards d’euros chaque année. Selon les dernières estimations, le marché du cannabis représente près de 3 milliards d’euros annuels. Les ventes de cocaïne, quant à elles, atteignent environ 1,5 milliard d’euros.
Les consommateurs sont majoritairement jeunes, issus de classes sociales variées. Cette diversité complexifie d'autant la lutte contre le narcotrafic. Quant aux dealers, ils sont souvent mineurs, recrutés dans les quartiers sensibles. Ils sont exposés à de lourdes peines mais ces dernières ne sont pas toujours pleinement appliquées. La justice parfois trop douce aggrave ainsi l'insécurité en France.
Une justice trop lente pour des crimes impunis
Or, les acteurs du trafic de drogue peuvent gagner des sommes importantes. L'absence de répression lourde rend difficile la résistance aux sirènes du narcotrafic. Ainsi, près de 200 procès d’assises en attente dans les Bouches-du-Rhône, faute de moyens humains. Les délais pour juger les affaires de narcotrafic dépassent souvent deux ans, entraînant une perte d’efficacité.
Les grandes agglomérations comme Paris, Marseille, et Lyon concentrent l’essentiel des trafics, mais les réseaux s’étendent progressivement aux zones rurales. Certains, principalement à droite, attribuent cette expansion à la répartition des populations immigrées dans les territoires ruraux. Plus exposées à la précarité et aux chômage, ces populations sont surreprésentées dans le trafic de drogue.