Gouvernement Barnier : censure en vue !

Un sondage réalisé par Elabe pour BFM TV et publié le 20 novembre montre le désamour des Français pour le gouvernement Barnier. 51 % des sondés se disent favorables à une motion de censure contre lui.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 21 novembre 2024 à 10h23
Barnier

Les Français ne veulent plus de Michel Barnier

Le sondage Elabe pour BFM TV a de quoi faire trembler la macronie. Les opposants à Michel Barnier et au gouvernement dans son ensemble ne se résument pas à quelques agités dans les rangs de l'Assemblée nationale. Il s'agit d'une tendance de fond, puisque plus de la moitié des Français désirent que Michel Barnier s'en aille.

Ce soutien populaire à une motion de censure s'explique par le mécontentement croissant face à certaines mesures budgétaires, notamment la hausse des taxes sur l’électricité envisagée pour combler un déficit de trois milliards d’euros. Bien que cette mesure ait été retirée en première lecture, elle reste un point de crispation majeur. Alors que les Français sont taxés à outrance et ne parviennent plus à vivre de leur travail, toute augmentation de la fiscalité leur est insupportable. D'autant que les économies proposées par le gouvernement Barnier leur semble ridiculement basses. Dans ce climat, la perspective de voir le gouvernement recourir à l'article 49.3 pour faire adopter son budget ne fait qu’attiser les oppositions.

Le Rassemblement National prêt à censurer Michel Barnier

Le Rassemblement National (RN) a rapidement saisi l’occasion pour durcir son ton face à Michel Barnier. Marine Le Pen, chef de file du parti, a déclaré sur RTL : « Nous n’accepterons pas que le pouvoir d’achat des Français soit amputé. Si cette ligne rouge est franchie, nous voterons la censure ». Une position renforcée par Jordan Bardella, président du RN, qui a récemment affirmé sur BFM TV que « le cap suivi par le gouvernement conduit directement à une motion de censure ».

Le RN se présente désormais comme le fer de lance de l’opposition à Michel Barnier, en insistant sur la nécessité de défendre le pouvoir d’achat des retraités et des ménages modestes. Cependant, la décision finale revient à Marine Le Pen, qui devra arbitrer entre une posture offensive et les risques stratégiques d'une telle démarche.

La gauche trop divisée pour se positionner

Du côté de la gauche, les réactions sont mitigées. Si des voix au sein de La France insoumise (LFI) et du Parti socialiste (PS) s'accordent pour critiquer la politique économique du gouvernement, l’idée d’une alliance de circonstance avec le RN suscite un vif débat. Un élu de LFI a confié à Public Sénat : « Nous devons réfléchir aux conséquences d’un tel vote. La chute de Barnier pourrait déboucher sur une période d’instabilité préjudiciable ».

En revanche, des figures comme Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, ont exprimé leur soutien conditionnel à une motion de censure, insistant sur le fait que « le gouvernement Barnier sacrifie les Français sur l’autel de l’austérité ». Cette position reste cependant fragile face aux divisions internes.

Les proches de Michel Barnier font front commun

Face à cette menace grandissante de censure, Michel Barnier et ses alliés n’ont pas tardé à réagir. Le Premier ministre a dénoncé une tentative de déstabilisation orchestrée par des oppositions qu’il juge irresponsables : « Nous sommes dans un moment crucial pour la stabilité du pays. Censurer ce gouvernement, c’est faire le choix de l’aventure et du chaos institutionnel ».

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a également pris la parole pour défendre le projet budgétaire et critiquer les postures des partis d’opposition : « Ce budget est un compromis responsable qui protège le pouvoir d’achat tout en maintenant l’équilibre des finances publiques. Nous ne pouvons pas céder aux surenchères populistes ».

Le gouvernement Barnier pourrait bien ne pas voir l'année 2025. Pour autant, les jeux ne sont pas encore faits. On a pu constater lors des échanges parlementaires concernant la réforme des retraites que le NFP refusait de voter les textes du Rassemblement National. L'inverse n'est toutefois pas vraie, et le RN a annoncé se tenir prêt à voter une motion de censure présentée par le NFP. Toutefois, on a déjà vu le NFP retirer l'un de ses textes justement parce que le RN l'avait voté. Cette guerre de chapelle pourrait bien sauver le gouvernement Barnier. À moins que l'ensemble des députés ne mettent les dissensions politiques de côté pendant un court instant pour se retrouver dans une lutte commune.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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