Des grèves ont depuis longtemps bloqué des réformes décidées par les gouvernements français. Avant 1995 la sélection à l’entrée des universités (réforme Devaquet) et le SMIC–jeunes (Balladur) avaient été abandonnés. Depuis les grèves de décembre 1995, la situation s’est aggravée.
Le contrat premier emploi de Villepin, voté par le Parlement, n’a pas été appliqué. Et surtout la crainte d’un blocage a freiné nos dirigeants, qui n’ont plus lancé que des demi-réformes. L’autonomie des universités n’est que partielle, le "service minimum" dans les transports publics n’est pas celui promis pendant la campagne électorale de 2007 ("trois heures le matin et trois heures l’après-midi"), l’âge légal de départ à la retraite, ailleurs à 65 ans ou plus, n’a été porté qu’à 62 ans, le CICE est au quart du montant nécessaire, etc.
D’après Valérie Pécresse, "quand le peuple manifeste on ne sait jamais où cela peut conduire. Tout au long de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a été rongé par cette crainte". A l’occasion de la loi sur le mariage pour tous, nos dirigeants ont cependant montré qu’ils savent résister à des manifestations de rue. En revanche les grèves des services publics leur font peur. Dans la plupart des pays, ces grèves sont régulées. Au Royaume-Uni comme en Allemagne, les grèves politiques sont interdites, seules les grèves pour motifs professionnels sont licites.
Pour la Cour de Cassation française (arrêt du 2/2/2006) une grève ne peut être justifiée que par des "revendications professionnelles". Il faudrait donc inscrire cet arrêt dans la loi, assorti d’une sanction en cas d’infraction, le licenciement sans indemnité. Il faudrait aussi adopter une règle appliquée par de nombreux pays : une grève n’est légale que si elle est votée à bulletins secrets. Il faudrait enfin reprendre le service minimum tel qu’annoncé en 2007. Alors seulement de vraies réformes pourront être entreprises.