Grèves SNCF en mai : la colère des Français monte

Pour 65 % des Français, la coupe est pleine. Ils réclament désormais l’interdiction des grèves pendant les ponts de mai, quitte à remettre en cause un droit sacré de la République.

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By Grégoire Hernandez Published on 28 avril 2025 10h30
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Grèves SNCF en mai : la colère des Français monte - © PolitiqueMatin

Les menaces de paralysie des transports pour les ponts de mai suscitent plus que de l'agacement. À l’approche d’une « semaine noire » redoutée, l'opinion publique semble prête à franchir un cap inédit : limiter le droit de grève dans les transports. Mais à quel prix politique ?

Grèves SNCF : une exaspération devenue politique

D’après un sondage CSA publié le 26 avril 2025 pour CNewsEurope 1 et Le Journal du Dimanche65 % des Français sont favorables à l’interdiction des grèves dans les transports durant les ponts de mai. En toile de fond : l’appel à la grève dès le 5 mai par la CGT-Cheminots, alors qu’un long week-end se profile autour du 8 mai, jour férié.
Ce soutien massif à une restriction du droit de grève n’est pas anodin. En quelques mois, il a progressé de trois points par rapport à un précédent sondage réalisé lors des vacances de Noël 2024. Le message est clair : à force de blocages à répétition, la grève est en train de devenir un enjeu politique explosif.

Le ras-le-bol n’épargne aucune catégorie sociale, mais l’intensité varie. Parmi les seniors de plus de 65 ans71 % approuvent une interdiction, contre 58 % chez les moins de 35 ans. Plus on vieillit, plus on réclame la stabilité.
Du côté des sexes, 67 % des femmes soutiennent l’interdiction, contre 62 % des hommes. Toutes classes sociales confondues (actifs, inactifs, cadres ou employés), la majorité adhère à l’idée d’encadrer plus strictement ce droit constitutionnel. Même parmi les inactifs, pourtant traditionnellement plus proches des revendications sociales, 67 % valident cette mesure.

Un clivage politique assumé

La question de l’interdiction des grèves éclaire d’un jour cru les lignes de fracture partisanes. À droite ou à l'extrême-droite, la consigne est limpide : 81 % des sympathisants Les Républicains et 76 % des électeurs du Rassemblement national se déclarent favorables à l'interdiction. Le socle présidentiel de Renaissance suit le mouvement avec 77 % d’adhésion.
À gauche, en revanche, c’est la levée de boucliers. 77 % des partisans de La France Insoumise rejettent catégoriquement l'idée, tout comme 58 % à 62 % des sympathisants écologistes et socialistes. Le droit de grève est perçu comme un rempart démocratique, non négociable, même au prix d'une pagaille dans les transports.

La France est l’un des rares pays européens où la grève dans les transports publics reste un droit quasi-intouchable. Pourtant, la multiplication des mouvements sociaux à la SNCF (pas une seule année sans grève depuis 1947 !!) use la patience collective. En novembre 2024, déjà, 52 % des Français se disaient favorables à une interdiction des grèves pendant les vacances scolaires.
Face à la nouvelle mobilisation annoncée du 5 au 11 mai, le débat monte d’un cran. Peut-on continuer à sanctuariser un droit qui pénalise autant d’usagers ? Ou doit-on, à l’instar d’autres pays européens, limiter les mouvements sociaux dans des périodes critiques pour l’activité nationale ?

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