Guerre commerciale : la Chine riposte face aux Etats-Unis et taxe à 125%

La Chine a relevé ses droits de douane à 125 % sur une large gamme de produits américains. Une mesure à forte portée politique, prise en réponse à l’intensification de la stratégie commerciale des États-Unis, et qui s’inscrit dans une dynamique plus large de tensions économiques internationales.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 11 avril 2025 à 12h04
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La décision chinoise, annoncée le 11 avril 2025, survient dans un climat déjà marqué par des affrontements commerciaux croissants entre Washington et Pékin. Alors que les États-Unis multiplient les mesures unilatérales, la Chine adopte une posture de fermeté. Le durcissement tarifaire s’inscrit dans une séquence diplomatique où les outils économiques sont mobilisés comme instruments d’influence politique. L’Union européenne, de son côté, cherche à préserver un équilibre délicat entre ses intérêts économiques et ses engagements multilatéraux.

Dans un communiqué publié par le ministère chinois du Commerce, Pékin affirme que les mesures américaines représentent « une violation grave des règles du commerce international » et « une pratique unilatérale d’intimidation et de coercition ». Le ministère ajoute que les États-Unis portent « l’entière responsabilité des turbulences économiques mondiales », évoquant des « chocs graves » pour les marchés et les mécanismes multilatéraux.

Ce relèvement des surtaxes intervient alors que l’administration Trump a elle-même réinstauré, puis accru, ses propres droits de douane sur une grande variété de produits chinois, atteignant jusqu’à 145 % dans certains cas, selon les données disponibles.

Des réactions tranchées, entre fermeté de la Chine et prudence européenne

La Chine affirme qu’à ce niveau de taxation, « les produits américains n’ont plus aucune chance d’être acceptés sur le marché chinois ». Pékin a par ailleurs déclaré qu’il « ignorera toute nouvelle hausse » de la part des États-Unis, signalant ainsi une volonté de ne pas prolonger l’escalade mais de fermer la porte à toute concession unilatérale.

Sur le plan multilatéral, la Chine a également confirmé avoir lancé une procédure auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les mesures américaines.

Du côté européen, les réactions ont été plus nuancées. Le président français Emmanuel Macron a déclaré sur le réseau X (anciennement Twitter) : « Cette pause reste fragile », en référence à la suspension partielle des tarifs américains pour 90 jours sur certains produits. Il a appelé à « la négociation » tout en soulignant la nécessité de « mobiliser tous les leviers disponibles » pour protéger les intérêts économiques européens.

À gauche, certains responsables politiques ont exprimé une inquiétude plus marquée. Éric Coquerel, député de La France Insoumise, a affirmé sur CNEWS qu’« il ne faut pas se laisser prendre au piège de Donald Trump », dénonçant une stratégie d’affrontement économique aux conséquences incertaines.

Des effets économiques immédiats sur les marchés mondiaux

La réaction des marchés financiers a été immédiate. En Asie, l’indice Nikkei à Tokyo a chuté de 4,22 %, tandis que la Bourse de Séoul a reculé de 1,46 %. En Europe, les principales places boursières ont également basculé dans le rouge : Francfort a perdu 0,77 %, Paris 0,57 %, Milan 1,06 % et Londres 0,10 %, selon les chiffres relayés par CNEWS.

Cette instabilité s’explique en partie par la volatilité croissante des politiques commerciales internationales, mais également par la crainte d’un ralentissement généralisé du commerce mondial. Le marché des devises a également été affecté : le dollar a atteint son plus bas niveau face à l’euro depuis février 2022, perdant 1,6 % à 1,1383 dollar pour un euro.

Conséquences politiques en chaîne et enjeux stratégiques

Au-delà des mesures économiques, cette hausse tarifaire a une portée politique évidente. Elle traduit une volonté de Pékin d’imposer un rapport de force avec Washington, tout en appelant à la responsabilité des acteurs multilatéraux. Elle met également en lumière la place de plus en plus incertaine de l’Europe dans ce bras de fer sino-américain.

La Commission européenne, bien que silencieuse sur ce point précis, se retrouve sous pression pour définir une stratégie claire face à la reconfiguration des équilibres commerciaux. Pour les États membres, la question se pose de savoir s’il convient d’adopter une posture d’alignement, de médiation ou d’affirmation autonome.

En France, au-delà des discours officiels, plusieurs secteurs économiques restent en alerte, notamment ceux dont les chaînes d’approvisionnement dépendent fortement des flux transatlantiques et asiatiques.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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