Jeudi 6 octobre, le parlement polonais a rejeté la proposition de loi destinée à élargir l'interdiction de l'avortement. La veille, la Commission de la justice et des droits humains de la chambre basse du Parlement polonais avait aussi rejeté le texte.
Un projet de loi interdisant l'avortement
En Pologne, le 22 septembre dernier, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir, qui avait reçu le soutien de l’Église catholique aux dernières élections législatives, déposait une proposition de loi interdisant l'avortement, sauf en cas de danger immédiat pour la vie de la mère. En cas de viol, d'inceste, ou de malformation du fœtus, le texte stipulait que la grossesse devait être menée à terme.
« Je voudrais rassurer ceux qui craignent que l’avortement soit totalement interdit en Pologne », avait tenté de rassurer le ministre de la science et de l’enseignement supérieur, Jaroslaw Gowin. « A coup sûr, le projet d’interdiction totale ne passera pas. A coup sûr, l’avortement ne sera pas interdit en cas de viol ou quand la vie ou la santé de la femme sont menacées ». Selon le texte de loi les médecins qui auraient souhaité continuer à pratiquer des avortements, et les femmes qui y auraient eu recours, auraient encouru des peines allant jusqu'à cinq ans de prison.
Une proposition rejetée par une large majorité de députés
Cette proposition de loi n’est pas passée inaperçue. Samedi 1er octobre, des milliers de personnes se sont mobilisées devant le parlement polonais pour convaincre les députés de voter contre le texte. « Finies les blagues », « Stop aux fanatiques au pouvoir », « On a besoin de soins médicaux, non pas de ceux du Vatican », « On veut des médecins, non pas des policiers », « Si cette loi est votée, les femmes en âge de procréer seront en danger de mort dans ce pays », « Nous voulons garder le contrôle de notre vie », « Je ne veux pas avoir peur d’avoir des enfants », pouvait-on lire sur les pancarte des manifestants.
La pression aura été suffisamment forte : le 6 octobre, l’immense majorité des députés – 352 sur 460 – s’est prononcée contre la proposition de loi. Actuellement en Pologne, l’avortement est autorisé uniquement si la grossesse constitue un risque pour la vie ou la santé de la mère, si elle est le fruit d’un « acte criminel » (viol, inceste, détournement de mineure) et en cas de malformation grave ou de maladie congénitale de l’embryon.