Alors que les manifestations, les arrestations, les passages à tabac et les meurtres de manifestants par la police se poursuivaient dans différentes villes d’Iran, à Doha l’équipe nationale de football essayait de trouver des moyens d’afficher leur protestation au sujet de cette répression dans leur pays.
Un refus de chanter l’hymne national qui ne passe pas pour le régime iranien
La mort, le 16 septembre 2022, septembre de la jeune Kurde Mahsa Amini (22 ans), arrêtée par la police des mœurs à Téhéran pour s’être affranchie de l’obligation du port du voile, a provoqué d’immenses manifestations à travers le pays. Alors qu’en Iran ce mouvement de protestation n’en finit pas, et qu’il a déjà poussé les autorités iraniennes à demander à la justice et au Parlement de revoir la fameuse loi de 1983 qui rend le port du voile obligatoire pour les femmes, les footballers iraniens ont fait de leur mieux pour afficher leur protestation vis-à-vis de la violente répression engagée par le régime.
Le 21 novembre 2022, lors de leur premier match dans le cadre de la Coupe du monde, face à l’Angleterre, les footballers iraniens ont refusé de chanter l'hymne national iranien. Alors qu’il a retenti dans le stade, ils sont restés muets. Dans les jours qui ont suivi, les familles des footballers ont reçu des menaces comme quoi ils seraient torturés si les footballeurs refusaient une nouvelle fois de chanter l’hymne national. Face à cette menace, les footballers se sont finalement conformés à cette injonction, le 25 novembre 2022, lors du match face au Pays de Galles, puis le 29 novembre face aux États-Unis. Même s’ils l’ont fait manifestement à contre-cœur, en ouvrant à peine leurs bouches.
Des affrontements inévitables entre Iraniens à Doha
L’information au sujet des menaces ayant eu le temps de fuiter dans l’espace public, le match du 25 novembre 2022 s’est passé dans une ambiance encore plus tendue. Certains Iraniens sont venus avec des pancartes où l’on pouvait lire « Women, Life, Freedom » (« Femmes, Vie, Liberté »), ces trois mots qui sont devenus le slogan de ce mouvement de protestation, d’autres portaient des T-shirts avec le même slogan, d’autres encore ont ramené d’anciens drapeaux iraniens (le modèle d’avant la Révolution de 1979). Tous ces insignes ont été confisqués par les stadiers : l’un d’entre eux a confié à l’Association Press que ses collègues et lui avaient reçu la consigne de confisquer tous les insignes apportés par les fans iraniens, à l’exception du drapeau national.
Des affrontements ont également eu lieu devant le stade entre opposants et partisans du régime. Alors que les premiers hurlaient « Women, Life, Freedom », les seconds leur répondaient : « La ?épublique islamique d’Iran ». Des femmes qui parlaient à la presse internationale ont également fait l’objet d’insultes et ont visiblement été intimidées.
L’équipe iranienne de football n’est d’ailleurs pas la seule à afficher sa solidarité avec les manifestants en Iran. Le 6 novembre 2022, lors d'un tournoi international de beach-soccer à Dubai, l'équipe iranienne avait elle aussi refusé de chanter l’hymne national, obligeant la télévision iranienne à couper la retransmission en direct. À l'issue de la finale, qu’ils ont remportée, les joueurs sont également restés silencieux au moment de recevoir la coupe.