Jean-Marie Le Pen : le vieil homme meurt, la gauche exulte

Jean-Marie Le Pen est mort, cela fait l’actualité, mais aussi la joie de nombreux Français. L’annonce de la mort du “menhir” a ainsi donné lieu à des manifestations d’un bonheur rare dans les rues de plusieurs grandes villes de France.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 8 janvier 2025 à 14h09
Jean-Marie Le Pen

Lorsque Staline est mort, le gouvernement soviétique s'était assuré que les habitants de l'URSS le pleurent avec toute la douleur qui convenait. En France, lorsqu'un homme politique meurt, on observe un certain nombre de messages plus ou moins aimables, mais souvent courtois, de la part de ses soutiens et de ses opposants. Pour Jean-Marie Le Pen, la situation est un peu différente : certains ont fêté sa mort comme si Hitler était décédé sur la ligne Maginot.

Des manifestations de joie partout en France

Dans la soirée du 7 janvier, des centaines de personnes se sont retrouvées dans certains lieux célèbres comme la place de la République à Paris. L'occasion de ressortir des slogans comme « La jeunesse emmerde le Front national » ou de se féliciter parce que « Ce sale raciste est mort ». Plusieurs participants ont escaladé des monuments pour brandir des drapeaux. Pas ceux du pays, mais ceux de partis, comme le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). D'autres ont lancé des fumigènes en scandant des chants antifascistes.

Les scènes n’ont pas seulement animé la capitale. À Lyon, 600 personnes ont répondu à l’appel de l’ultragauche via le compte Rebellyon, tirant des feux d’artifice et laissant des tags injurieux sur les murs, comme « Le Pen, tu dois cramer pour rentrer dans l’urne ». Autrement dit, pour se trouver dans une urne (funéraire, et non électorale), Jean-Marie Le Pen doit être incinéré. À Marseille, entre 200 et 300 participants sur le Vieux Port célébraient autour de bouteilles de champagne, certains portant des pancartes sur lesquelles était inscrit « Enfin ».

Jean-Marie Le Pen, cet inoffensif danger

Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti qui rassemble aujourd'hui un tiers des Français, homme politique arrivé aux portes du pouvoir en 2002, pourfendeur de toute la classe politique et médiatique par son refus de tout ce qui s'approchait du politiquement correct, n'a absolument rien pour plaire à la gauche. Bien qu’éloigné de la politique active depuis de nombreuses années, il demeurait pour beaucoup le symbole d’un nationalisme réactionnaire.

Pour ses opposants, sa mort représente la fin d’une ère. Selon Louise Delporte, une étudiante de 20 ans : « C’est la mort d’un personnage qu’on déteste, il faut célébrer quand des figures aussi haineuses disparaissent. » Un autre manifestant, Vivien Perez, ajoute : « Sa mort rappelle que l’extrême droite ne doit pas être vivante dans notre société. »

Célébrer la mort d'un homme, est-ce dangereux ?

Ces prises de position laissent songeur. Peut-on se plaindre que Jean-Marie Le Pen soit une figure haineuse quand on sabre le champagne parce qu'il est mort ? Appeler à brûler un homme est-il bien approprié quand on reproche à ce même homme ses propos sur les chambres à gaz ? Affirmer que l'extrême-droite ne doit pas être vivante dans notre société est-il une menace pour les électeurs de cette mouvance ?

Ceux qui se réjouissent à grands bruits et à grands moyens de la mort de Jean-Marie Le Pen semblent oublier de quoi il est question. Un homme de plus de 96 ans est mort, et cet événement n'aura pas la moindre conséquence sur la politique française, moins encore sur les prochaines élections. Se réjouir de la mort de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon aurait eu plus de sens, quoique tout aussi peu de décence.

Ceux qui dénoncent la joie de la gauche

Au reste, plusieurs personnalités politiques se disent choquées par les célébrations de la mort de Jean-Marie Le Pen. Ainsi, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, estime que « Rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre. La dignité doit primer. » Cet avis trouve écho dans une partie de la population, perplexe face à ces célébrations publiques. Il a qualifié ces manifestations de « scènes de liesse honteuses », insistant sur la nécessité de respecter la mort, même d’un adversaire politique.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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