Il a été une de mes idoles. Pas longtemps, et certainement pas comme beaucoup s'y attendent. En effet, c'est au début des années 80, via les émissions d'Antoine de Caunes et Philippe Manoeuuvre que je fais sa connaissance.
En effet, mes parents étaient rétifs, et c'est peu dire, à cette musicalité des temps modernes. Professeurs de lettres et de sciences, la musique n'existe quasiment plus aux oreilles de mes chers parents depuis 1955.
Pour moi en revanche, à l'adolescence, c'est une sorte de révélation ! Johnny et sa bande ont la pêche ! Autre chose que les Dalida, Gilbert Bécaud, Francis Cabrel des shows hebdomadaires des Carpentier !
Une rage de vivre, une énergie toujours juvénile ! Des concerts de fou durant lesquels la foule se trouve en proie à la folie passagère. Des reprises acérées de Cochran qui vous font lever les poils (à l'époque: le duvet) sur les bras !
A quinze ans il ne m'en fallait pas plus pour trouver Johnny, certes plus vieux, toujours d'actualité mu par cette énergie toujours communicative qui vous transporte.
A l'époque il y avait toujours un moment dans les boums de fin de trimestre dans lequel la voix puissante de Johnny va rugir. Entre Goldman, Cabrel, Dire Straits et juste après the Cure, un retour à la base s'imposait pour calmer toute la foule adolescente venue sur la piste de danse en découdre en vue de la sempiternelle séance de slows qui s'annoncait.
Johnny, je l'avais cousu en patch sur ma trousse ! Comme fier d'être un fan de ce chanteur à lui tout seul phénomène. Pas toujours à chanter des chansons d'amour, et à passer ses vacances au soleil Johnny éclairait ma vie de lycéen. Entouré de musiciens choisis pour la précision de leur technique individuelle et d'un manager véritable métronome, cette époque a perduré longtemps.
J'ai vraiment eu l'impression de traverser ma puberté avec lui. Lui et ses coupes de cheveux ; lui et sa blonde ; lui et son franc-parler, Johnny et sa fureur de vivre. Bref comme une référence toute en sensibilité, pourtant on lui reproche parfois de sonner creux. Erreur fondamentale ! Johnny est une idole. Il représente la levée d'une jeunesse. A lui seul ou presque, un courant musical puis deux.
Mais voilà le temps a passé. Le Johnny s'en est allé. Un matin de début décembre 2017, j'ai lu dans la presse que mon idole avait rejoint le paradis (ou l'enfer, c'est selon) des rockers. Que de tristesse ! Une partie de ma jeunesse s'est enfuie. Laissant devant moi un trou béant. Des souvenirs sont revenus à moi toute la journée de façon anarchique. Plus de futur désormais.
En effet Johnny Rotten, ex-chanteur-phare des Sex Pistols, souhaite chanter pour l'Eurovision 2018. Il prétend représenter l'Irlande. Selon la volonté des organisateurs, ils cherchent des :"chanteurs qui sont habitués à être devant de grandes foules, une chanson accrocheuse et quelque chose d'inattendu qui n'a jamais été fait à l'Eurovision". Pour le coup, s'ils le castent, ils vont être servis !
Quoi ?!!! Vous pensiez que j'écrivais une nécrologie de notre Johnny ? Johnny Halliday, lui, s'en est allé retrouver d'autres vieilles canailles et si je pense à sa famille, je ne souhaite rien rajouter au bourrage de crâne médiatique que nous subissons depuis une semaine. Bien sûr cet article est un hommage déguisé, mais pour qui connaît bien les morceaux des Sex Pistols ou de Public Images Limited, des indices ont été dispersés au sein du texte bien avant la conclusion.
Cette semaine, je préfère me laisser aller à parler musique plutôt que d'évoquer Laurent Wauquiez nouveau patron de « Les Républicains », ou la dernière campagne d'affiches du maire de Béziers au sujet du #TGV .
L'abjection d'un Johnny Rotten et son groupe éructant à l'antenne (BBC) ou celle d'un exilé fiscal ne peuvent rivaliser avec ce qu'aujourd'hui nous présentent des élus dits de la République.