Les bonnes intentions sont-elles un fondement solide pour une politique efficace ?
Je vous propose de parler efficacité politique à la lumière des déclarations et des actes les plus saugrenus de nos chers politiciens. Au mois de septembre 2017, Emmanuel Macron s’est exprimé au sujet de la révolution numérique. Mieux entouré que son prédécesseur, le président a sans doute conscience du fait que si elle ne fait rien, l’Europe pourrait rapidement devenir une « colonie numérique des GAFA », pour reprendre l’expression de Laurent Alexandre. Aussi Emmanuel Macron souhaite-t-il que l’Europe « prenne la tête de cette révolution ». Voici la stratégie que défend le président.
Question : historiquement, l’innovation de rupture s’est-elle décidée entre bureaucrates, ou bien a-t-elle pris forme dans le secteur privé des pays les plus en pointe en matière d’Etat de droit et de liberté entrepreneuriale ? Jean-Luc Mélenchon n’a donc pas le monopole du wishful thinking et du yakafocon. Dommage, cela serait tellement agréable si la classe politique pouvait se mettre d’accord pour le lui laisser !
Donner du travail à tout le monde ? Il y en a qui ont essayé, mais ils ont eu des problèmes. Le leader de La France Insoumise n’aurait-il jamais entendu parler de l’U.R.S.S. ?
Et si on enseignait ce qui échoue toujours ?
Quitte à continuer de se voiler la face quant à l’efficacité de mesures qui n’ont jamais fonctionné, pourquoi ne pas pousser la logique à son terme et enseigner ces politiques à Sciences Po ? L’idée n’a pas fait qu’effleurer Daniel Cohen et Arnaud Montebourg…
A moins bien sûr que l’ancien ministre ne soit venu expliquer que lui aussi avait essayé, et qu’il ne fallait surtout plus recommencer. Quoi qu’il en soit, Arnaud Montebourg est toujours excellent lorsqu’il s’agit de prendre la pose, et cette image montre qu’il ne manque jamais de groupies à marinière. Churchill ne disait-il pas que « le succès, c’est être capable d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme » ? Suggestion aux responsables de ce Master 2 : lors du prochain séminaire, pourquoi ne pas convier Gérard Filoche afin qu’il dévoile les résultats les plus saillants de ses dernières recherches ?
Il vous faudra débourser 15 € pour acquérir ce volume de 139 pages sorti fin septembre 2017 aux éditions… L’Esprit du Temps !
Imposer des idées stupides en changeant la loi !
Si d’aventure les futurs chefs d’entreprise n’étaient pas réceptifs aux idées d’Arnaud Montebourg et de Gérard Filoche, il reste toujours la possibilité d’imposer le changement par la contrainte. C’est la solution défendue par Bruno Le Maire et Nicolas Hulot :
Vous avez le goût du risque, de la liberté et de la responsabilité ? Plutôt que de travailler « au black » ou de vous établir à l’étranger, vous êtes prêt à vous plier à l’ensemble des contraintes administratives et fiscales qu’implique la création d’une entreprise sur le sol national ? En retour, vous vous dites que vous pourrez gagner de l’argent et mener votre barque plus ou moins à votre idée ? Et bien si la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) de Bruno Le Maire et Nicolas Hulot est adoptée en l’état, vous allez peut-être devoir reconsidérer votre stratégie.
Parmi moult autres mesures, elle viendrait modifier l’article 1 833 du Code civil qui dispose que « la société doit avoir un objet licite et est constituée dans l’intérêt commun des associés », pour y adjoindre la notion « d’intérêt général économique, social et environnemental ». Telle une prof de quartier qui se retrouve en même temps assistante sociale, flic, infirmière et maman, l’entrepreneur pourrait bientôt devoir faire encore plus dans le social, dans le sociétal et dans l’environnemental. Parmi les dernières brillantes idées en date, on trouve également celle-ci :
Si vous pensez que la méritocratie ne devrait pas être réservé au sport, vous n’avez aucune chance de vous entendre avec Marlène Schiappa. Pour elle, la vraie diversité doit être visible, c’est-à-dire fonction de votre sexe, de votre couleur de peau, ou fonction de votre orientation sexuelle.
Eliminée pour cause de malpensance
Après 20 ans de boîte chez Apple dont un an en tant que responsable « inclusion et diversité », Denise Young Smith est arrivée au constat opposé. Pour elle, il « peut y avoir douze hommes blonds aux yeux bleus dans une pièce, et il y aura une forme de diversité parce qu’ils amèneront des perspectives et des expériences différentes à la discussion ». « La diversité, c’est l’expérience humaine ». « Je suis un peu frustrée lorsque la diversité ou le terme diversité est réduit aux personnes de couleur, aux femmes ou aux LGBT », a-t-elle expliqué au site Quartz. Résultat : suite à ces propos pas vraiment dans « l’esprit du temps » qui ont déclenché « un tollé », Denise Young Smith est mise hors-jeu.
Bref, dès que le politique met son nez dans des domaines qui ne devraient pas le regarder, la société est à la merci des idéologues de tout bord, comme le résume parfaitement Guillaume Nicoulaud.
Hélas « l’esprit du temps » est plus à l’immixtion du politique dans tous les pans de la vie humaine qu’à l’accroissement de la liberté.
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