Législatives 2024 : le barrage des castors contre le RN prend forme

Après un coup droit lors des élections européennes, c’est un revers que les Français viennent d’infliger au parti présidentiel lors du premier tour des élections législatives anticipées qui se sont tenues dimanche 30 juin 2024. Malgré l’appel à la mobilisation « de l’arc républicain », le Rassemblement national a réussi à capter plus d’un tiers des scrutins. Le mouvement à la flamme tricolore est suivi de près par la nouvelle alliance de la gauche, le Nouveau Front populaire. Le parti présidentiel, quant à lui, est relégué à la troisième place du podium. Terrible pour la gauche et la macronie qui en appellent à mettre toutes les forces politiques pour faire barrage au RN, celui-ci étant arrivé en tête dans pas moins de 258 circonscriptions.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 1 juillet 2024 à 20h05
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Nouvelle victoire du RN

Les résultats du premier tour des élections législatives de 2024, qui se sont tenues le 30 juin, ont confirmé une montée en puissance du Rassemblement National (RN), un fait d'autant plus remarquable que la participation a presque atteint les 67 %, un taux qui n'avait pas été vu depuis 1997.

Le Rassemblement National a obtenu 33,34 % des suffrages des Français, soit 29,25 % à lui seul, auxquels s'ajoutent 3,9 % grâce à l'initiative d'Eric Ciotti de s'allier avec le parti à la flamme tricolore. La route vers Matignon reste néanmoins loin d'être toute tracée pour Jordan Bardella. Son parti, bien qu'en tête dans 297 circonscriptions et ayant réussi à voir 39 de ses candidats élus dès le premier tour, doit obtenir 289 sièges à l'Assemblée nationale pour atteindre la majorité absolue, condition sine qua non pour que son jeune président prenne la place de Gabriel Attal comme Premier ministre.

Le Nouveau Front Populaire prend la seconde place, Renaissance poursuit sa chute

Deuxième force politique sortie de ce scrutin : le Nouveau Front Populaire, avec 27,99 % des voix. Sans alliance, il aurait été difficile, voire impossible, pour les différentes sensibilités de gauche de faire un score. Les socialistes, menés par Raphaël Glucksman pour les européennes ont obtenu 13,8 % des suffrages (contre 14,6 % pour la macronie), la LFI 9,89 %, et les écologistes EELV 5,5 % (le Parti Communiste quant à lui était sous la barre des 5 %, récoltant seulement 2,36 % des voix pour ce premier tour des législatives anticipées). Malgré l'échec de la NUPES, le Nouveau Front Populaire a réussi un tour de force en surprenant le parti présidentiel avec 32 députés élus dès le premier tour de ces élections législatives et en se portant en tête dans 159 circonscriptions.

Le parti présidentiel, Renaissance, poursuit sa désintégration telle que l'annonçaient les résultats des élections européennes du 9 juin 2024. Celui-ci a néanmoins réussi à garder la face devant les sondages en recueillant tout de même  21 % des suffrages des Français. Pour autant, seuls  4 de ses candidats seront exemptés d'un second tour et la Macronie n'est en tête que dans 70 circonscriptions seulement. Les Républicains anti-Ciotti enfin, s'en sont plutôt bien sortis puisqu'ils étaient annoncés à 7 % dans les sondages. Ils ont finalement réussi à réunir 10,23 % des voix.

Un second tour plus qu'incertain

Difficile de faire une quelconque projection sur l'issue du second tour de ces élections législatives anticipées. Ce qui s'est confirmé dès l'annonce des résultats, c'est que le parti présidentiel et Les Républicains, tous deux à bout de souffle, ainsi que le Nouveau Front Populaire vont faire barrage à l'extrême droite en scellant des accords en cas de triangulaires ou de quadrangulaires. Un comique de situation tout à fait contre-nature voudrait en effet que le Front Populaire appelle à voter pour le gouvernement qui a fait passer la réforme des retraites via un 49.3... La gauche n'en est pas à un reniement près, les Républicains « historiques » non plus...

Quoi qu'il en soit, rien n'est gagné pour le Rassemblement National, bien au contraire, puisque les triangulaires concernent pas moins de 306 circonscriptions. On apprend d'ailleurs dans les colonnes du Monde que pas moins de 173 candidats compris dans une triangulaire se sont déjà retirés pour le second tour afin de maximiser les chances des candidats qui feront face à ceux du RN. Parmi eux, 122 seraient issus du Nouveau Front Populaire, 50 de la Macronie et un seul des Républicains anti-Ciotti. Autrement dit, le nombre de triangulaires tomberait déjà au nombre de 133. Emmanuel Macron pourrait bien réussir son pari. Après avoir déclaré qu'il préparait la dissolution de l'Assemblée depuis des semaines et tout en se félicitant d'avoir « balancé - aux oppositions - ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent », les retraits en masse du NFP semblent aller dans ce sens. Il faut dire que cette stratégie lui a bien été payante en 2022, pourquoi ne le serait-elle pas à nouveau en 2024 ?

Si cohabitation il doit y avoir, celle-ci sera a priori avec le RN et non le NFP. Mais à ne pas s'y méprendre, ce cadeau, bien qu'étant difficile à obtenir pour le Rassemblement National, apparaît empoisonné. Ne pouvant espérer retrouver une majorité de son camp dans l'hémicycle, une cohabitation permettra au Président une chose : qu'il puisse se dédouaner de toute responsabilité dans la situation catastrophique vers laquelle la France s'enfonce. La bonne tenue des JO reposera ainsi sur le nouveau Premier ministre, le budget intenable de 2025, les probables émeutes dont s'inquiètent déjà les forces de police en cas de victoire du RN, etc. Dans le cas contraire, sans cohabitation, l'Assemblée risque bien d'être tripartite, et donc ingouvernable. Mais qu'importe, le Président n'en a que faire. Après tout, il a eu l'amabilité de redonner la parole au peuple qui l'avait tant quémandé... Reste à voir si les électeurs suivront les consignes de vote desdits appareils politiques.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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