Le libéralisme va-t-il s’installer en France ?

La France rejoindra-t-elle la vague de libéralisme qui effleure timidement le monde occidental ?

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 27 février 2025 à 17h00
Libéralisme
Le libéralisme va-t-il s’installer en France ? - © PolitiqueMatin

Tout a commencé sur les réseaux sociaux, notamment X. Certaines personnes, inspirées par Javier Milei, président argentin qui réduit la dette et le taux de pauvreté à coups de tronçonneuse administrative, se sont données pour mission de pointer toutes les dépenses d'argent public estimées excessives. Et Dieu sait qu'il y en a.

Le libéralisme, des réseaux sociaux à l'opinion majoritaire

Puis, la vague de libéralisme a gagné certains chroniqueurs. Ils ont parlé de telle ou telle norme absconse, de telle réglementation qui fait bondir les chefs d'entreprise et plonger leur chiffre d'affaires, de telle taxe qui étrangle des contribuables déjà à bout. Les politiques eux-mêmes se sont saisis de certains sujets. Eric Ciotti qui appelle à supprimer les agences de l'Etat. Sarah Knafo qui demande l'introduction de la capitalisation dans le système des retraites.

Les mots et les mesures se sont frayés un chemin des comptes de niches aux plateaux des grands médias, tant et si bien qu'aujourd'hui, le libéralisme gagne des parts dans l'opinion publique. 60% des Français, c'est-à-dire la majorité, demande l'introduction de la capitalisation dans le système des retraites. Ce bouleversement du système permettrait aux jeunes générations d'espérer toucher un peu d'argent une fois devenus trop âgés pour travailler. Parce qu'avec le système par répartition, de plus en plus de jeunes actifs voient leur argent partir chaque mois en étant absolument sûr qu'ils n'en reverront pas la couleur, contrairement à leurs aînés qui touchent actuellement 1€ pour 0,50€ d'argent cotisé lorsqu'ils travaillaient eux-mêmes.

A.F.U.E.R.A, des idées pour mieux gérer

Au quotidien, certains Français voient leur argent partir entre taxes, impôts et diverses cotisations en se lamentant et d'autres cherchent des solutions. Une plateforme collaborative a notamment vu le jour. Elle s'appelle A.F.U.E.R.A. Il s'agit d'un jeu de mots entre le mot désormais célébrissime du président Javier Milei. Lorsque ce dernier supprimait les ministères jugés inutiles de son gouvernement, il ne cessait de crier "Afuera !" Le mot est en passe de devenir le cri de ralliement des partisans du libéralisme.

A.F.U.E.R.A, c'est aussi un pied-de-nez à l'habitude, la coutume, la tradition de la France de créer des agences au nom interminable, qui se résume à un acronyme parfois barbare. A.F.U.E.R.A signifie donc Agence Française pour l’Utilisation Efficace des Ressources Administratives. Sur cette plateforme, on trouve de nombreuses propositions de réduction des dépenses publiques, l'explication de ces réductions et surtout des votes. On peut ainsi voir les propositions les plus plébiscitées. Naturellement, la plateforme est encore assez peu connue. Quand on parle de plébiscite, on ne parle guère que de 2 500 votes ce qui reste assez anecdotique au regard de la population française.

Argent public : comment faire mieux avec moins ?

Parmi ces propositions, on trouve la transparence totale des dépenses publiques ou la suppression de toutes les agences de l'Etat, notamment l'ADEME, pour une économie de 85 milliards. Le déficit de l'Etat est actuellement de 160 milliards et cette suppression permettrait donc de le réduire de moitié.

Certaines associations, organisations et think tanks se sont également saisis du sujet. Polémia a ainsi listé 250 milliards d'euros d'économies à partir de la suppression de "dépenses nuisibles", qui ne profitent pas aux contribuables français. Il s'agit notamment de supprimer les subventions aux médias, d'alléger les normes liées à la transition énergétique ou de sabrer la bureaucratie. Il faut compter également l'IREF, l'IFRAP, Contribuables associés, etc. Sur les réseaux sociaux, on peut suivre de nombreux influenceurs comme le Parti mileiste français, qui pointe régulièrement les dépenses absurdes.

La France, ou du moins certains Français, semble bien décidée à ne pas manquer le train du libéralisme dont la locomotive qui s'appelait Javier Milei, et dans lequel sont déjà montés Donald Trump et Elon Musk.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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