Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a suscité de vives réactions avec ses annonces et propositions sur la gestion de l’immigration en France, énoncées sur France Inter le jeudi 24 octobre.
Loi Immigration : Bruno Retailleau annonce des changements radicaux
Réduire l'immigration illégale, un objectif clé pour Bruno Retailleau
Bruno Retailleau a annoncé sur France Inter la création d’un poste de missi dominici pour fluidifier les discussions et négociations bilatérales avec les pays d'origine ou de transit des migrants. Retailleau a précisé que le titulaire de ce poste aurait pour mission de conclure des accords permettant l'accélération des retours et réadmissions de ressortissants sous le coup d'Obligations de quitter le territoire français (OQTF).
Actuellement, la plupart des OQTF ne sont jamais appliquées, et ceux qui en sont frappés restent sur le sol français, profitant parfois de certaines dépenses sociales. Or, l'une des raisons de la non-application des OQTF et le refus des pays d'origine de reprendre leurs ressortissants. Résultat, les avions ne pourraient pas atterrir. Ils restent donc à terre, et les clandestins en France.
Pour sortir de cette impasse, Bruno Retailleau a mentionné des pays comme le Maroc, avec lequel la France espère intensifier les réadmissions, en soulignant : « C’est un grand pays ami, et je pense que l’on peut y accélérer un certain nombre de réadmissions. Le Maroc est un pays sûr ». Bruno Retailleau souhaite également réintroduire le délit de séjour irrégulier.
Supprimé sous François Hollande, ce délit permettrait une répression plus directe des étrangers en situation irrégulière. Enfin, le ministre de l'Intérieur veut allonger la durée de rétention des étrangers jugés dangereux, la passant de 90 à 210 jours, une mesure inspirée des dispositifs antiterroristes.
Des conditions moins favorables pour l'immigration ?
Parmi les autres propositions phares de Bruno Retailleau figure la réforme de l’Aide médicale d’État (AME). Actuellement, cette aide est accessible aux personnes en situation irrégulière pour garantir un accès aux soins. Selon Retailleau, l’AME représente aujourd'hui « un encouragement à la clandestinité ». Il propose donc de transformer cette aide en Aide Médicale d'Urgence, afin de limiter les soins aux situations d’extrême urgence, assurant que la France ne « laissera mourir personne ».
Aujourd'hui, des soins comme la vaccination, le suivi du diabète, le dépistage, les analyses sanguines ou certaines opérations chirurgicales non-urgentes sont inclus dans le panier de soins.
Cette mesure s'inscrit dans une vision plus large de l’immigration en France, où Retailleau estime que les dispositifs actuels font de la France un des pays les plus attractifs en Europe. Résultat, une immigration importante et de faible qualité, puisque la France n'attire que peu les travailleurs, mais plutôt ceux qui cherchent une vie plus simple, notamment grâce aux logements sociaux et allocations diverses.
Bruno Retailleau souhaite que la France se situe dans la moyenne européenne, aussi bien en termes de droits accordés aux étrangers qu’en termes de contrôle de l’immigration. Retailleau propose aussi de supprimer l'automaticité du droit du sol, assurant que « on ne peut pas devenir Français sans s’en apercevoir ».
Les annonces de Bruno Retailleau effraient la gauche
Les annonces de Bruno Retailleau ont immédiatement provoqué une série de réactions dans le paysage politique français. Du côté de la gauche, ces mesures ont été fortement critiquées. Certains anciens responsables politiques, comme Élisabeth Borne, se sont déclarés opposés à ces réformes. Élisabeth Borne a jugé sa position « inadaptée » et a exprimé son désaccord avec la ligne dure que Retailleau souhaite instaurer .
Par ailleurs, une partie de la Macronie a également fait connaître ses réticences. Certains députés du camp présidentiel, comme ceux de Renaissance, ont exprimé leur préférence pour le maintien de la législation actuelle, notamment en matière d’AME, tout en dénonçant les risques d’une dérive vers la « préférence nationale ».
La gauche, quant à elle, accuse Retailleau de se rapprocher des positions du Rassemblement National (RN), en mettant en avant des mesures qui, selon eux, instaureraient une discrimination légalisée à l’encontre des migrants .
Enfin, les associations humanitaires et organisations de défense des droits de l'homme ont également exprimé leurs inquiétudes, craignant que ces mesures n’aggravent la situation des migrants et ne conduisent à une augmentation des violations des droits humains, en particulier concernant l’accès aux soins et la détention des étrangers.
Pour la droite, Bruno Retailleau doit mieux faire
Bien que les propositions de Bruno Retailleau aient suscité des critiques, elles ont aussi reçu un soutien notable de la part de certaines figures politiques et associations, notamment à droite de l’échiquier politique. Pour certains, ces mesures marquent un retour à une politique migratoire ferme, jugée nécessaire pour protéger les intérêts nationaux et assurer une meilleure gestion des flux migratoires.
Le Rassemblement National (RN), par exemple, a salué les annonces du ministre de l’Intérieur, même si Marine Le Pen et plusieurs cadres du parti ont estimé que les mesures étaient encore insuffisantes pour répondre aux défis posés par l’immigration. « Ce sont des pas dans la bonne direction, mais nous devons aller plus loin », a déclaré un cadre du RN, appelant à la mise en place de la préférence nationale dans l’accès aux aides sociales et à l’emploi, une revendication phare du parti.