Cela paraît à peine croyable. Alors que la rue fait entendre sa voix contre la loi Travail, actuellement examinée par les sénateurs, il semblerait que ces derniers aient mieux à faire que de s’occuper de ce dossier, aussi important soit-il.
La loi Travail au cœur des crispations dans la rue
Travailler un soir de match ? Vous n’y pensez pas ! Le Sénat était bien vide, mercredi 15 juin, au soir. Alors que 1 000 amendements ont été déposés et que ce texte de loi est au cœur des crispations entre les syndicats et le gouvernement, il semblerait que les sénateurs préfèrent regarder le match que de faire ce pourquoi ils ont été élus.
C’est la chaîne parlementaire Public Sénat qui a mis en lumière l’affaire. Le sénateur PS des Pyrénées-Atlantiques, Georges Labazée, qui défendait un amendement pour faire passer de 10 à 25 % le taux de majoration des heures complémentaires en cas de temps partiel, a rebondi sur les résultats du match France - Albanie pour déclarer : « En plus, ce n’est pas sûr que ça pourra s’appliquer aux joueurs de l’Equipe de France, qui ont gagné 2-0. Je charge M. Le Scouarnec de faire les calculs s’ils ont droit aux 25 % de majoration ce soir pour le travail de nuit ! »
La présidente de séance ne cache pas son agacement
Une sortie qui a amusé ses collègues présents, mais que la présidente de séance, la sénatrice PS de Gironde Françoise Cartron, a saisi au vol pour dénoncer l’absence de trop nombreux parlementaires. « En tout cas, l’hémicycle va se remplir à 25 % de plus », a-t-elle lancé un poil agacée. « La représentation va se rééquilibrer du côté masculin... »
L’anecdote pourrait faire sourire si elle n’était pas révélatrice d’un malaise immense. La rue est à feu et à sang à cause d’un projet de loi qui divise la classe politique et la population française, et des élus de la République s’offrent le luxe de ne pas s’intéresser au problème... Ce peu d’intérêt et cette négligence sont difficiles à avaler, surtout quand on connaît la longue liste des privilèges dont jouissent ces parlementaires de la Chambre Haute.