Qui fait la meilleure campagne du second tour ?

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Par Nicolas Boudot Publié le 28 avril 2017 à 8h23
Sondages Elections Vote France Melenchon Lepen Prevision Victoire Presidentielle

Q1. Qui fait, selon vous, la meilleure campagne pour le second tour ?

  • Emmanuel Macron : 21 %

  • Marine Le Pen : 36 %

  • Ni l’un, ni l'autre : 42 %

  • NSP : 1 %

36% des Français interrogés considèrent que Marine le Pen mène la meilleure campagne pour le second tour (21% Emmanuel Macron et 42% ni l’un, ni l’autre).

Ainsi la France s’apprête à installer à l’Elysée Emmanuel Macron. En effet, si l’on en croit les enquêtes d’opinion publiées ces derniers jours, mais aussi celles qui ont été publiées régulièrement depuis deux ans, tout indique que celui qui affrontera la candidate du FN au second tour de l’élection présidentielle est assuré de l’emporter. L’élection de 2002 a, sur ce point même, créé un précédent. Pourtant, la campagne de 2017 ne ressemble à aucune autre et les certitudes électorales pourraient être mises à mal par les stratégies de communication d’entre deux tours des deux candidats finalistes.

Le résultat du sondage Opinionway pour LCI et Tilder montre que les Français interrogés sont mitigés sur la campagne des deux finalistes. Si 42% des personnes interrogées considèrent que les deux candidats ne font pas une bonne campagne, c’est surement parce que les finalistes ne sont pas ceux qu’ils espéraient, pas ceux pour qui ils ont voté. De ce fait, ce chiffre n’est pas le plus intéressant. En revanche, le sondage montre que seuls 21% des Français interrogés pensent qu’Emmanuel Macron réalise une bonne campagne, alors que Marine Le Pen obtient 36 %. Le chiffre concernant Emmanuel Macron est particulièrement marquant et ne saurait s’expliquer uniquement par les erreurs de communication qui ont émaillé son parcours depuis dimanche soir. C’est sa « mauvaise stratégie de communication » qui explique ce « mauvais chiffre ».

Un discours raté dimanche soir, devant les militants réunis Porte de Versailles et les millions d’électeurs/téléspectateurs français, car pas à la hauteur d’un soir de premier tour d’élection présidentielle face au Front National de Marine le Pen. En cause, une posture de « certitude de victoire » en complet décalage avec la gravité de ce premier tour : les partis de gouvernement balayés, les extrêmes droite et gauche qui recueillent 50 % des voies. Ce sentiment a été renforcé par la soirée qui s’en est suivi (même si sur ce point, le parallèle médiatique qui a été fait avec le Fouquet’s est exagéré ; les images diffusées auprès de l’opinion publique sont mauvaises).

Ensuite, ce sont les prises de parole médiatiques au JT de France 2 d’une part, puis le déplacement à Amiens dans le but de traiter le dossier Whirlpool d’autre part, qui ont terminé de donner le sentiment d’une campagne de deuxième tour, bâclée par la certitude de la victoire. Cette situation n’a échappé à personne, y compris au président de la République sortant qui a dû recadrer son ancien ministre.

Même si la probabilité que Marine le Pen puisse être élue demeure faible, ce mauvais résultat et ce sentiment d’un début de campagne d’entre deux tours, crée une mauvaise dynamique en vue du second tour, mais aussi en cas d’élection. En fait, Emmanuel Macron paye l’erreur de croire que la place de finaliste face à Marine le Pen lui ouvrait automatiquement les portes de l’Elysée. Il a organisé la communication de sa campagne de second tour sur cette certitude de victoire. Il reste 10 jours et un débat télévisé pour inverser la tendance.

Q2. Si Emmanuel Macron est élu président de la République, pensez-vous qu'il aura une majorité à l'Assemblée nationale à l'issue des élections législatives de juin 2017 ?

  • Sous total « oui » : 30 % (+1 point par rapport au 2 mars 2017)

  • Sous total « non » : 50 % (idem par rapport au 2 mars 2017)

  • NSP : 20 % (-1 point par rapport au 2 mars 2017)

Voici après les affaires, une des questions centrales de l’élection présidentielle de 2017 qui a, pour l’instant, plutôt été laissée de côté dans le débat public. Depuis 2002 et l’alignement des mandats présidentiels et législatifs, le Président nouvellement élu, a toujours pu compter sur une majorité à l’Assemblée. Les Présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, s’appuyant chacun sur un parti politique organisé localement dans chacune des 577 circonscriptions, avaient gagné les élections législatives sitôt élus.

Ils avaient à chaque fois pu bénéficier d’une dynamique, les électeurs indécis se tournant vers le camp du vainqueur présumé, c’est-à-dire le camp dirigé par celui qui venait, quelques semaines auparavant, de remporter l’élection présidentielle et de vivre « l’état de grâce ». Ce phénomène étudié depuis les années 50 en sociologie politique s’appelle d’ailleurs l’effet « Bandwagon » (les indécis se tournent vers le camp de celui qui apparaît le plus logiquement en mesure de l’emporter, pour être dans le camp du vainqueur au moment des résultats). Il n’en va pas de même pour Emmanuel Macron qui n’a pas de groupe politique ancien avec lequel transformer l’essai de son succès éventuel. Il s’appuie aujourd’hui sur un mouvement politique composite, dont l’existence remonte au 6 avril 2016 et qui comporte en son sein des militants issus de la gauche et du centre droit. Un mouvement dont la ligne idéologique est particulièrement délicate à classer si l’on prend comme « mètre étalon » le clivage gauche/droite qui organise la vie politique de la Vème République. Les Français ont intégré cette problématique puisqu’ils sont une majorité importante (50% contre 30%) à penser qu’il n’aura pas de majorité parlementaire à l’Assemblée nationale.

C’est un handicap de communication immédiat qu’il va devoir purger. En effet, si Emmanuel Macron l’emporte, les futurs élus « En Marche ! » aux législatives devront faire face à une hydre à 3 têtes à l’Assemblée nationale : un groupe FN, un groupe de droite, un groupe de gauche (sans compter les mélenchonistes). Cela promet des débats houleux, d’autant qu’en cas de crise politique, les réflexes partisans reprendront leurs droits.

Il restera alors à Macron deux solutions : la coalition ou la négociation permanente sur tous les textes. Sinon, ce sera la cohabitation. Une première sous le quinquennat, créé justement pour éviter ce type de blocage institutionnel. Le spectre de la IVème République et des coalitions de circonstance serait ainsi de retour.

En communication, Emmanuel Macron doit anticiper dès aujourd’hui l’éventualité de devoir construire, un mois après son élection, une majorité à l’Assemblée nationale sur la base de groupes politiques, plutôt que d’attendre d’être en situation, il doit déminer ce sujet. Déminer, c’est sortir du flou. Déminer, c’est dire s’il gouvernera prioritairement avec le groupe de députés de gauche ou avec celui des députés de droite ou sur un mix des deux. S’il ne démine pas, s’il ne se met pas en situation de le faire, ce sera du temps perdu. Avec le quinquennat, une grande partie de la réussite de l’action se joue dans les 100 premiers jours. Il n’y aura pas une minute à perdre.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 27 avril 2017

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Directeur de Tilder

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