Afrique : Tchad et Sénégal jugent Macron “méprisant”

Les propos d’Emmanuel Macron sur l’Afrique ont provoqué un tollé au Tchad et au Sénégal. Derrière les critiques officielles se dessine une fracture plus profonde dans les relations franco-africaines.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 7 janvier 2025 à 15h27
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« Nous avons oublié de nous dire merci », a déclaré Emmanuel Macron. Ces mots, prononcés lors d’une réunion avec les ambassadeurs français, ont déclenché une vive indignation. Les gouvernements tchadien et sénégalais dénoncent une vision qu’ils jugent paternaliste.

Le Tchad réagit avec fermeté, le Sénégal revendique sa souveraineté

Les déclarations d’Emmanuel Macron, le 6 janvier 2025, ont été jugées méprisantes par les autorités tchadiennes. Le président Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, a qualifié ces propos de « déconnectés de l’époque actuelle » et a exprimé son indignation. Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, a rappelé le rôle déterminant des soldats africains dans l’histoire française, en soulignant les sacrifices consentis lors des deux guerres mondiales.
Ce discours s’inscrit dans un contexte de rupture entre Paris et N’Djamena. Le Tchad a officiellement mis fin, en novembre 2024, aux accords de défense qui le liaient à la France.

Au Sénégal, les propos du président français ont été jugés « erronés et arrogants » par le Premier ministre Ousmane Sonko. Contrairement aux affirmations d’Emmanuel Macron, Sonko a réfuté toute négociation entre Dakar et Paris concernant le retrait des troupes françaises. Selon lui, cette décision découle de la souveraineté nationale et non d’une stratégie concertée avec la France.
Dakar a annoncé la fin de la présence militaire étrangère sur son territoire d'ici à 2025. Cette décision, saluée par une partie de la population sénégalaise, reflète une dynamique générale en Afrique, où plusieurs pays, Niger, Burkina Faso, Mali, ont choisi de réduire ou d’éliminer la présence militaire française.

Le discours de Macron perçu comme paternaliste

Les critiques des dirigeants tchadiens et sénégalais révèlent une perception commune : celle d’un paternalisme persistant dans les relations franco-africaines. Les propos d’Emmanuel Macron, comparant l’aide militaire française à un acte de générosité devant être reconnu, ont été particulièrement mal reçus en Afrique.
De nombreux analystes, comme François Djékombé, ancien porte-parole au Tchad, estiment que la France sous-estime le rôle central joué par les Africains dans son histoire, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale. Selon Djékombé, « s’il y a un pays qui doit remercier les Africains, c’est bien la France ».

Les tensions actuelles témoignent d’un divorce progressif entre Paris et ses anciens partenaires africains. Si certains experts, comme le politologue Yamingué Betinbaye, considèrent ces évolutions comme une simple réorganisation de la présence militaire française, d’autres y voient une remise en question fondamentale des relations postcoloniales.
Le Tchad et le Sénégal expriment aujourd’hui une aspiration à une souveraineté pleine et entière, au-delà de la coopération militaire.

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