Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, doit passer la main en avril 2018, au prochain congrès confédéral qui se tiendra à Lille. Il commence à se murmurer que Jean-Claude Mailly négocie avec le gouvernement son prochain poste: un passage à Bureau International du Travail où siège déjà Bernard Thibault, l’ancien patron de la CGT. Une manoeuvre qui expliquerait en partie l’étrange clémence de FO vis-à-vis des ordonnances…
C’est une pratique aussi habituelle à FO qu’à la CFDT: le recasage des ténors par le gouvernement. Ainsi, le gouvernement avait récupéré, sous Hollande, François Chérèque et Laurence Laigo de la CFDT. Il avait aussi fait un geste pour Thierry Le Paon de la CGT. Et encore un autre pour le moins connu Stéphane Lardy, négociateur de FO.
Le cas Stéphane Lardy
Ce dernier était devenu inspecteur général des affaires sociales au printemps 2016. Cette nomination lui permettait de sortir par le haut du « duel » qui l’avait opposé à Pascal Pavageau pour la succession de Mailly, dont la conclusion interviendra en avril prochain.
Avec pas mal d’astuce, Macron a d’ailleurs donné un nouveau coup de pouce à Lardy en le nommant directeur adjoint du cabinet de la ministre du Travail. Ce coup astucieux a dégoupillé pas mal d’incompréhensions entre FO, très actif contre la loi El-Khomri, et le gouvernement d’Édouard Philippe.
On pouvait même imaginer qu’une partie de l’indulgence actuelle de FO vis-à-vis des ordonnances Macron provenait de cette implantation d’une vigie confédérale au coeur même du dispositif gouvernemental. À n’en pas douter, cette présence a pesé sur certains aspects de la rédaction du texte, notamment sur le renforcement du rôle des branches professionnelles – sujet cher à FO dont une part du financement passe par de discrets dispositifs de branche.
Le cas Jean-Claude Mailly
Mais, selon nos informations, la mansuétude de FO vis-à-vis du gouvernement, au demeurant critiquée en interne, ne s’explique pas seulement par le rôle-clé joué par les anciens de la confédération. Les calculs personnels de Jean-Claude Mailly lui-même pèseraient fortement dans cette attitude.
Au mois d’avril 2018, le secrétaire général n’envisagerait pas de ranger les gants après son départ. Il lorgnerait fortement sur le conseil d’administration du Bureau International du Travail où la France dispose aujourd’hui de deux postes dans le collège des salariés. Ces deux postes sont occupés l’un par Bernard Thibault, comme titulaire, l’autre par un militant… FO (il est secrétaire confédéral)! ancien membre du Conseil Économique, Social et Environnemental, appelé Yves Veyrier.
À ce stade, deux obstacles majeurs se dressent sur la réalisation de cette opération.
Premier obstacle: le conseil d’administration en place est élu jusqu’en 2020. Il paraît donc difficile de modifier sa composition.
Deuxième obstacle: l’élection d’Yves Veyrier s’était faite « dans le dos » des syndicats français. Et la CFDT ne manquera probablement pas de réclamer sa part dans de futures attributions. La manoeuvre paraît donc extrêmement délicate et, dans tous les cas, difficile à réaliser sans de sérieux alliés.
Les militants FO devront donc attendre le printemps 2018 pour savoir si leurs dirigeants se sont servis d’eux pour retirer des bénéfices personnels.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog