J’ai beau tourner et retourner le problème, je n’arrive pas à m’expliquer, rationnellement, comment un professionnel de la communication politique conseillé par les meilleurs experts du secteur a pu commettre une telle boulette. Si la faute de manuel Valls dans cette affaire de déplacement éclair à Berlin n’est pas d’une ampleur extravagante, elle est multidimensionnelle, ce qui lui confère un caractère exceptionnel.
Décortiquons la boulette :
- Le Premier ministre quitte brutalement un congrès du Parti socialiste par lui érigé en priorité absolue pour aller voir un match de foot !
- Il utilise un Falcon appartenant à l’Etat pour une visite d’agrément justifiée par un rendez-vous officiel avec Michel Platini qui pouvait attendre quelques jours et s’organiser à moindres frais.
- Il embarque dans l’avion ses enfants dont la présence n’augmente pas la facture mais aggrave l’affaire en donnant le sentiment que le Premier ministre et sa famille « vivent sur la bête ».
- Si au moins, Valls avait fait cette escapade pour soutenir l’équipe de France ou un club français, la pilule aurait semblé moins amère. Là, c’est sa passion pour le Barça dont il est un supporter inconditionnel qui l’a motivé. Le sang catalan a parlé, ce que ne manquent pas de souligner certains de ses détracteurs du moment…
Les conséquences d’une telle faute aurait pu et dû être anticipées par Manuel Valls. Pour ma par, je ne crois pas que la simple envie de « kiffer » l’ait aveuglé à ce point mais que, consciemment ou non, le Premier ministre a préparé son départ de Matignon. Car s’il veut avoir une chance d’être présent au second tour de l’élection présidentielle de 2017, François Hollande va devoir réunir son camp. Eviter une candidature EELV, calmer les frondeurs, passer une alliance, fût-elle tacite, avec les communistes pour affaiblir Jean-Luc Mélenchon.
Pour réussir un tel tour de force, il devra terminer son mandat avec un Premier ministre plus à gauche que Valls. On pense inévitablement à Martine Aubry qui est sans doute la seule baronne du PS capable de faciliter ce rassemblement. Dégagé de l’étau de Matignon et de son devoir de fidélité au président de la République et à sa politique, l’actuel chef de gouvernement pourra quant à lui commencer à envisager le combat de sa vie : la présidentielle de 2022.