La semaine dernière, le Premier Ministre Manuel Valls laissait entendre que nous nous trouvions en pleine « guerre de civilisation » dans notre lutte contre le terrorisme, à la suite des terribles attentats perpétrés en Isère, en Tunisie et au Koweit.
Cette déclaration est très surprenante, tant elle parait en décalage du vocable usuel de la gauche française, mais que penser véritablement de ce terme ? Tout d’abord, il faut voir cette déclaration comme un acte politicien, et non comme un acte politique. Une manière pour le spécialiste en communication qu’est Manuel Valls de reprendre la main après une série de couacs, et de freiner sa baisse inexorable dans les sondages.
Sachant parfaitement que ce terme serait repris et amplifié, notamment à destination de l’électorat de la droite et du centre, le Premier Ministre a tenté de se positionner aux yeux des Français pour l’élection présidentielle de 2022, voire de 2017 si le Président de la République décidait de ne pas se représenter. Puis, sur le fond, valider la théorie de M. Valls, c’est rejeter la responsabilité de ce qu’il se passe vers une obscure « civilisation », jamais nommée et maintenue dans le flou, alors que les Merah, Kouachi et Coulibaly sont nés et ont grandi ici, sont passés par nos écoles et nos administrations. Ils sont le produit de trente années d’échec de politique de la ville certaines populations et de certains quartiers et d’un laxisme de la justice et de l’éducation nationale.
Nous ne devons pas lutter contre une autre civilisation, mais essayer de soigner la partie malade de notre société. En renforçant les moyens de la justice et de la police, en apportant davantage de justice sociale dans les territoires les plus isolés. Ces individus ne courent pas toujours dans les bras des islamistes ou des mafias par une adhésion sincère et profonde à leur idéologie, mais parce que ces organisations prennent la place des Etats dans certains territoires. C’est en luttant sur ce terrain, par l’éducation, la formation, l’autorité, que la République tarira ces flux.
En attendant, pendant que le Premier Ministre communique et préserve ses ambitions, nous proposerons non pas une nouvelle civilisation, mais un modèle de société basé sur le respect de nos valeurs et de notre identité.