Mohamed Amra : la fin d’une cavale

Mohamed Amra, criminel multirécidiviste et figure du narcotrafic français, a été extradé de Roumanie vers la France après neuf mois de cavale.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 26 février 2025 à 13h50
mohamed amra
Mohamed Amra : la fin d’une cavale - © PolitiqueMatin

Le 22 février 2025, après une cavale de plusieurs mois, Mohamed Amra a été arrêté en Roumanie et extradé vers la France trois jours plus tard. Son retour a nécessité une logistique impressionnante, orchestrée par les unités d’élite de la gendarmerie française.

Un narcotrafiquant au parcours criminel retentissant

Mohamed Amra, 30 ans, était en cavale depuis le 14 mai 2024. Ce jour-là, un commando armé avait attaqué un fourgon pénitentiaire dans l’Eure pour le libérer, tuant deux agents et en blessant trois autres. Un assaut qui rappelle les évasions spectaculaires des grandes figures du crime organisé.

Son arrestation en Roumanie a mis un terme à une traque internationale. Selon les autorités, il vivait avec de faux papiers depuis le 8 février 2025, dans un appartement discret en banlieue de Bucarest. Il aurait même envisagé une opération de chirurgie esthétique avant de fuir en Colombie.

Une extradition sous surveillance militaire

Le rapatriement de Mohamed Amra a été traité comme une opération de guerre. Escorté par le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN), il a été embarqué à bord d’un avion Falcon spécialement affrété pour l’occasion. Menotté, masqué pour le désorienter, et surveillé en permanence, aucun détail n’a été laissé au hasard.

Les autorités françaises ont récupéré l’ensemble des scellés collectés par la police roumaine, notamment ses téléphones et documents frauduleux. L'objectif ? Décortiquer son réseau, identifier ses soutiens et comprendre comment il a pu échapper aussi longtemps aux radars des services de renseignement.

Le traitement carcéral de Mohamed Amra : isolement total

À son arrivée en France, Mohamed Amra a été immédiatement placé en détention provisoire dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, un établissement réservé aux détenus les plus dangereux. Il est soumis à un isolement total, sans contact avec d’autres détenus, et fait l’objet d’une surveillance permanente grâce à un dispositif de caméras et de rondes de surveillants assurées 24 heures sur 24. Son accès au téléphone est strictement limité et contrôlé par les autorités judiciaires. Quant aux visites, elles sont rares et encadrées, afin d’empêcher toute tentative de communication avec l’extérieur qui pourrait faciliter une nouvelle évasion.

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a déclaré que ce niveau de sécurité était indispensable pour éviter tout risque d’évasion. "Il ne bénéficiera d’aucune faille. Son réseau est puissant, nous devons tout verrouiller", a-t-il affirmé. Toutefois, certains observateurs regrettent que Mohamed Amra ait encore le droit de recevoir des visites, si rares soient-elles. Pour eux, le criminel pourrait en profiter pour diriger à distance un nouveau trafic.

Une affaire qui embrase la sphère politique

L’évasion de Mohamed Amra en mai 2024 avait provoqué un tollé, notamment après la mort des deux agents pénitentiaires. Depuis son arrestation, plusieurs figures politiques s’en sont emparées pour dénoncer les carences du système judiciaire et sécuritaire français.

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, a déclaré que l’affaire démontrait la nécessité de sanctions exemplaires pour les criminels de cette envergure et d’un renforcement des moyens sécuritaires. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, a de son côté estimé que cette affaire révélait l’échec total de la politique carcérale actuelle et nécessitait un débat urgent sur la gestion des prisons. Gabriel Attal, ancien Premier ministre, a affirmé que l’État prendrait toutes les mesures nécessaires pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise à l’avenir.

Quelle suite pour Mohamed Amra ?

Mohamed Amra doit désormais être présenté à un juge d’instruction avant d’être mis en examen pour homicide, évasion et trafic de stupéfiants. Il encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Par ailleurs, l’enquête se poursuit pour identifier ses complices et démanteler les réseaux qui l’ont aidé dans sa cavale. Vingt-deux personnes ont déjà été placées en garde à vue en France, tandis que deux individus ont été arrêtés au Maroc et un en Espagne.

L’arrestation de Mohamed Amra marque-t-elle la fin de son empire criminel ? Rien n’est moins sûr. Avec des soutiens disséminés à l’international, la justice française devra redoubler de vigilance pour éviter que cette affaire ne prenne un tournant encore plus spectaculaire.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

Suivez-nous sur Google News PolitiqueMatin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Mohamed Amra : la fin d’une cavale»

Laisser un commentaire

Les Commentaires sont soumis à modération. Seuls les commentaires pertinents et étoffés seront validés. - * Champs requis