Mohamed Amra : la surveillance en prison est-elle suffisante ?

L’affaire Mohamed Amra, criminel notoire s’étant évadé à la faveur d’un transport dans une opération qui a tué deux agents pénitentiaires, a révélé des failles significatives dans le système de surveillance des prisons françaises. Mohamed Amra, malgré sa détention, a pu continuer à gérer ses activités criminelles depuis sa cellule grâce à des téléphones portables illégaux.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 24 mai 2024 à 11h30
Mohamed Amra

Les écoutes téléphoniques de Mohamed Amra

En 2022, les enquêteurs ont placé sur écoute le téléphone portable détenu illégalement par Mohamed Amra dans sa cellule de la prison de la Santé. Les enregistrements révèlent que Mohamed Amra continuait de gérer un réseau de trafic de drogue et de criminels depuis sa cellule. Il organisait des enlèvements et contrôlait minutieusement les opérations de son réseau grâce à neuf téléphones. Mohamed Amra possédait également une chicha et pouvait recevoir de la nourriture n'importe quand grâce à des jeteurs qui la lui envoyaient par-dessus les murs d'enceinte.

Les écoutes montrent également que Mohamed Amra n'hésitait pas à ordonner des actions violentes, comme l'enlèvement d'un homme à Aubagne. « Dis-leur qu'ils mettent les mains en l'air et qu’ils fouillent toute la baraque. Prenez que le rebeu et barrez-vous ! » a-t-il ordonné à ses complices. Ces révélations mettent en lumière la capacité des détenus à continuer leurs activités criminelles malgré leur incarcération.

Une surveillance défaillante en prison ?

La capacité de Mohamed Amra à orchestrer ses activités depuis sa cellule soulève des questions sur l'efficacité de la surveillance en prison. L'administration pénitentiaire est confrontée à des défis majeurs pour empêcher l'introduction et l'utilisation de téléphones portables en prison. Selon une source judiciaire, les détenus utilisent divers moyens pour se procurer des téléphones, notamment les parloirs, la complicité du personnel pénitentiaire, les lanceurs et même les drones.

Une fois que les détenus ont récupéré un téléphone, leur utilisation est simple. Moins d'une trentaine de prisons en France sont équipées de brouilleurs pour empêcher l'utilisation des téléphones portables. Ces dispositifs coûtent environ un million d'euros chacun et sont difficiles à installer, surtout dans les prisons urbaines où ils peuvent perturber les communications des riverains. De plus, le manque de personnel pénitentiaire rend difficile la surveillance constante des détenus.

L'inefficacité des prisons choque les Français

Les révélations sur les activités de Mohamed Amra en prison ont choqué l'opinion publique. Les Français s'attendent à ce que les criminels dangereux soient surveillés de près et que leurs activités soient strictement contrôlées. Cependant, la réalité est que le manque de moyens et de personnel limite la capacité de l'administration pénitentiaire à surveiller efficacement tous les détenus.

Les personnels pénitentiaires expriment souvent leur frustration face à ces défis. « C'est compliqué à mettre en place, cela coûte cher, et cela pose des problèmes pour les établissements situés dans les villes », explique une source pénitentiaire. Malgré ces difficultés, des efforts sont faits pour améliorer la surveillance et réduire les risques associés à la présence de téléphones portables en prison.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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