Motion de censure : lettre ouverte à Marine Le Pen par Sophie de Menthon

Ce mercredi 4 décembre 2024, entre 18 et 19 heures, le gouvernement sera fixé sur son sort. Le vote des deux motions de censure aura eu lieu. En raison des inquiétudes et des répercussions qui suivraient une chute du gouvernement, Sophie de Menthon, présidente du Mouvement patronal ETHIC, et membre du conseil économique et social (CESE) tire la sonnette d’alarme et publie une lettre ouverte adressée à Marine Le Pen, l’appelant à ne pas voter en faveur du texte déposé par le Nouveau Front Populaire, le seul qui ait une réelle chance d’aboutir.

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Par Sophie de Menthon Modifié le 4 décembre 2024 à 12h14
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Madame la Présidente,

Je vous lance un appel pour que vous ne signiez pas la motion de censure programmée. C’est une erreur stratégique pour le pays, pour l’image de la France, pour les conséquences financières, pour la crédibilité du monde politique et pour le moral des Français…

Vous n’êtes pas seule responsable de l’attitude désastreuse de cette classe politique qui ne pense qu’à sa promotion personnelle. Des partis incapables de nuances, incapables de se mettre d’accord ne serait-ce que sur un point commun sans importance, des écuries qui se constituent autour de hérauts qui pourraient gagner le jackpot : l’élection présidentielle ! Tout est posture, tout est mensonge, tout est incompétence, tout est dénué de bon sens : une manipulation publique générale de l’opinion dans la mesure où chaque élu qui s’exprime, le fait soi-disant « au nom des Français ! ».

Alors, oui ! Vous avez de quoi éprouver un très fort ressentiment : les élections législatives se sont construites contre vous, un pseudo-front républicain disqualifiant 11 millions d’électeurs a préféré se rallier à LFI dans certaines circonscriptions pour faire élire des responsables de l’ancien gouvernement ! Une fois élus, l’attitude des députés de l’Assemblée Nationale envers votre parti et ses représentants a été impardonnable : on a été jusqu’à vous priver des commissions que vous auriez dû présider, ainsi que de postes clés qui vous revenaient. Le plus grand nombre a reconnu que votre attitude sur les bancs de l’Assemblée était irréprochable. On a préféré fermer les yeux sur les excès de vrais extrémistes que personne ne juge jamais bons de sanctionner fermement. Cela dit, notre pays ne doit pas payer les outrages d’une classe politique irresponsable.

Certes, le Premier ministre n’a pas donné satisfaction en n’ayant pas été capable de résorber la dette de l’état, ni même de donner des pistes autres que des taxes nouvelles. Certes, la liste à la Prévert des mesures financières prises, et des contradictions à tous les niveaux, rend la loi de finances proposée très dangereuse. Vous nous dites que certains chefs d’entreprise du MEDEF préfèrent revenir à la loi de finances précédente en cas d’absence de gouvernement, ce qui pourrait s’appliquer grâce à l’article 47 ; l’ancienne loi de finances serait encore plus intéressante pour les entreprises…

Tout cela est audible, mais la réalité du terrain et l’état de la France rendent ces arguments irréalistes, inconséquents et sans fondement solide. En effet, la croissance d’un pays repose d’abord sur la confiance, or cette confiance a déjà été détruite par des agitations de bocal, amenant à ce que l’Assemblée nationale fasse honte aux Français.

Vous ne prenez pas la mesure du coût de l’immobilisme économique qui découle du désordre politique. L’absence de visibilité est ce qu’il y a de pire pour nos entreprises. Tous les investissements sont bloqués, les contrats reportés, les embauches suspendues. Aujourd’hui, le mieux est l’ennemi du bien. Mieux vaut un mauvais budget que la perspective hypothétique d’un budget idéal dans lequel plus personne ne croit car personne ne le votera.

Ne cédez pas ! Montrez que vous êtes une femme d’Etat. Il faut nous accommoder le temps qu’il faudra du Premier Ministre que nous avons, et de certains ministres efficaces tel que le Ministre de l’Intérieur. Ne cédez pas à la tentation du chaos : ce sera vous qui en serez tenue responsable.

Par ailleurs, allez-vous vous abaisser à signer le même texte que les Insoumis qui vous insultent ? Vous devez être au côté des citoyens contre un mouvement révolutionnaire anti-français, qui ne veut que la chute du pouvoir dans un objectif dictatorial ; et ne croyez pas que tous vos électeurs veulent la censure. Si c’est le cas pour certains, ils n’en mesurent pas les conséquences.

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Sophie de Menthon est la présidente du mouvement patronal Ethic. Elle est également membre du conseil économique et social (CESE), et auteur de nombreux ouvrages pédagogiques ou de vulgarisation pour la jeunesse.    https://www.sophiedementhon.fr/

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