Soutien à l’extrême-droite allemande : Elon Musk s’est-il rendu coupable d’ingérence ?

À l’approche d’une échéance électorale clé en Allemagne, des échanges tendus éclatent sur le réseau social X entre son propriétaire Elon Musk et Thierry Breton.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 23 décembre 2024 à 11h30
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Dans un échange tendu entre tweets et réglementations, deux visions du monde s’opposent. D’un côté, un entrepreneur milliardaire prêt à tout pour imposer sa vision. De l’autre, un ancien commissaire européen déterminé à faire respecter les règles. Entre eux, l’Allemagne devient le champ de bataille d’un débat brûlant sur l’avenir de la démocratie numérique.

Une déclaration choc de Musk alors que l'Allemagne est en pleine tourmente

À partir de vendredi matin, le 20 décembre 2024, Elon Musk a une nouvelle fois surpris ses 208 millions d’abonnés sur X en soutenant ouvertement l’Alternative für Deutschland (AfD), parti d’extrême droite allemand. En partageant une vidéo de Naomi Seibt, figure controversée proche de l’AfD, il écrit : « Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne ». Ce message déclenche une onde de choc en Allemagne, encore ébranlée par l’attaque au marché de Noël de Magdebourg survenue le 20 décembre 2024.
La situation devient explosive. Thierry Breton dénonce une interférence étrangère. « À quelques semaines des élections en Allemagne et au moment de l’odieux attentat de Magdebourg, Elon Musk, le plus grand influenceur mondial sur X et membre potentiel de l’administration américaine, soutient ouvertement le parti d’extrême droite AfD. Ce n’est pas la définition même de l’ingérence étrangère ? Il faut en finir avec le “deux poids deux mesures" », affirme-t-il, appelant à l’application stricte du Digital Services Act (DSA), régulation phare de l’UE.

Adopté en 2022, le DSA impose des obligations strictes aux plateformes numériques pour lutter contre les abus, notamment la désinformation. Mais le comportement d’Elon Musk interroge. Thierry Breton, qui a supervisé ce texte, insiste : « Modifier un algorithme pour promouvoir certains contenus enfreint nos règles ».
Ces accusations prennent un sens particulier après les précédents en Roumanie et avec TikTok, où des modifications algorithmiques ont suscité des enquêtes (le scrutin de l'élection présidentielle a carrément été annulé). Musk, de son côté, esquive les critiques, préférant attaquer ses détracteurs avec sarcasme.

Une bataille d’influence entre Bruxelles et Washington

L’affrontement ne s’arrête pas à l’Europe. Elon Musk, très proche allié de Donald Trump, élu 47ᵉ Président des États-Unis en novembre 2024, semble tester les limites de la souveraineté numérique européenne. Thierry Breton souligne : «Nous devons mettre un terme aux doubles standards », alors que les entreprises américaines jouent un rôle croissant dans la politique mondiale. L’Union européenne craint de nouvelles ingérences avec cette proximité Musk-Trump.

Face aux provocations incessantes, certains appellent à des mesures radicales. En Allemagne, des voix s’élèvent pour appliquer une version moderne du Sherman Antitrust Act, loi historique américaine contre les monopoles. Selon Dirk Wiese, député SPD : « Il est temps de limiter le pouvoir des géants technologiques ».
Pourtant, cette proposition reste complexe. Les entreprises de Musk, de Tesla à SpaceX, sont profondément ancrées aux États-Unis. Toute action nécessiterait un accord transatlantique, un défi de taille dans un contexte géopolitique plus que tendu.

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