Bruno Le Maire a dépeint un tableau plutôt sombre de la situation économique française lors de la présentation de ses vœux pour l’année 2024 devant les acteurs économiques. Si le ministre de l’Économie garde pour objectif le plein emploi d’ici à la fin du quinquennat, il semble bien qu’il laisse la responsabilité de cette mission sur le dos des entreprises.
Plein-emploi : Bruno Le Maire n’y croit plus
Objectif plein-emploi : « le plus dur reste à venir » selon Bruno Le Maire
« Les Français qui travaillent acceptent de moins en moins de payer pour ceux qui ne travaillent pas », a tenu à souligner le ministre de l'Économie lors de ces vœux devant les acteurs économiques ce lundi 8 janvier 2024. Bruno Le Maire précisé par la suite que « l'objectif du plein emploi ne pourra pas être atteint à modèle social constant » ajoutant, « le moment est venu de parachever cette transformation du modèle économique et social français ». Le message est clair : notre modèle social français doit évoluer pour rester viable. Bercy a ainsi réitéré son ambition du plein emploi d'ici à la fin du quinquennat, avec un taux de chômage projeté à 5 % contre 7 % actuellement. Pour ce faire, le ministre de l'Économie a indiqué qu'il explorait toutes les pistes possibles, allant de l'amélioration du système de logement à la simplification des prestations sociales, en passant par la formation professionnelle et le lycée professionnel.
La situation de la France est d'autant plus accentuée par le contexte géopolitique instable, dû à la guerre en Ukraine et aux attaques des houthis en mer Rouge, qui impactent le réseau de transports mondial. Sans grande surprise, Bruno Le Maire a souligné l'impératif de réindustrialiser la France et de la rendre plus attractive. Deux projets de lois sont en préparation. Le premier est une loi de simplification. L'objectif affiché par le locataire de Bercy est de libérer l'économie, grâce à la mise en place de mesures administratives et des éléments pour assouplir le marché du travail. Le second projet de loi, quant à lui, qui sera présenté au printemps 2024, vise à rendre la France plus attractive auprès des investisseurs étrangers. Les dés sont jetés, mais ce n'est malheureusement pas la première fois que les Français et les entreprises entendent cette douce mélodie.
Quand en finira-t-on avec les mesurettes ?
Outre ses deux projets de lois, la stratégie mise en avant par le ministre de l'Économie cible en particulier les seniors, dont le taux d'emploi se situe autour des 60 %. Après avoir restreint les indemnités de chômage de longue durée pour les personnes de 57 ans et plus, le ministre a insisté sur le fait qu'ils ne sont pas un poids, mais « une chance pour la France, avec leur expérience et leur savoir-faire ». « Vous, chefs d’entreprise, vous avez une responsabilité particulière : vous devez rompre avec cette pratique d’un autre temps - la mise à la retraite déguisée de vos salariés les plus âgés », a insisté le locataire de Bercy. Mais que les entreprises et les Français ne s'y trompent pas. Par ses déclarations, Bruno Le Maire démontre en réalité que Bercy n'y croit plus. Le ministre de l'Économie ne s'en est d'ailleurs aucunement caché en affirmant qu'il allait falloir trouver 12 milliards d'euros d'ici à 2025 pour renflouer les caisses de l'État. État, rappelons-le, dont la dette a dépassé les 3.000 milliards d'euros en janvier 2023 grâce au fameux quoi qu'il en coûte d'Emmanuel Macron : depuis son premier quinquennat, la dette publique française a augmenté de plus de 600 milliards d'euros.
Avec la réforme des retraites et la restriction des droits des seniors, le gouvernement tente par des mesurettes de faire des économies en s'attaquant aux honnêtes Français. Il démontre par la même occasion qu'il n'a qu'une vision de court terme. Pour quelles raisons ne s'attaque-t-il toujours pas aux fraudes sociales ? Le rapport de la Cour des comptes donne pourtant quelques pistes de réflexion... Selon ce dernier, la fraude sociale représenterait entre 6 et 8 milliards d'euros chaque année. Les 12 milliards d'euros que cherche désespérément Bercy pourraient ainsi donc bien rapidement être renfloué. Et ce d'autant plus que, comme l'a indiqué Charles Prats, auteur de Cartel des fraudes (tome 1 et 2, lors d'un entretien pour Sud Radio du 30 mai 2023, il s'agit d'un chiffre « plancher (...) les sommes sont 2 à 3 fois supérieures à ce qu'on nous disait il y a 10 ans. Et dans 10 ans, ces chiffres auront encore augmenté »