Pollution plastique : le fiasco des négociations de Busan

Après une semaine de discussions sous haute tension en Corée du Sud, les 175 nations réunies pour négocier un traité mondial visant à limiter la pollution plastique n’ont pas trouvé de terrain d’entente. Malgré des enjeux environnementaux majeurs, les divergences économiques et politiques ont une fois de plus paralysé les négociations.

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Par Nicolas Egon Modifié le 2 décembre 2024 à 15h33
Pollution plastique : le fiasco des négociations de Busan

Une ambition bloquée par des intérêts divergents

L’objectif initial de ce sommet onusien était clair : mettre en place un cadre juridique contraignant pour freiner la production de plastique, réguler les substances toxiques associées et offrir un soutien financier aux pays en développement. Un défi crucial à l’heure où la pollution plastique menace de plus en plus les écosystèmes mondiaux.

Mais les positions des participants se sont révélées irréconciliables. Tandis qu’un bloc mené par l’Union européenne, le Mexique et le Rwanda prônait une réduction drastique de la production de plastique, d’autres nations comme l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran se sont fermement opposées à cette idée, plaidant plutôt pour une amélioration des systèmes de recyclage et de gestion des déchets.

Chiffres alarmants :

  • 11 millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans les océans.
  • Seules 9 % des 400 millions de tonnes produites chaque année sont recyclées.
  • À ce rythme, la production de plastique pourrait doubler d’ici 2050.

Dès l’ouverture des discussions, les tensions étaient palpables. Les représentants des pays producteurs de pétrole, défendant leurs intérêts industriels, ont systématiquement freiné les avancées des débats. Selon Henri Bourgeois Costa, de la Fondation Tara Océan :

« Les stratégies dilatoires des pays opposés aux restrictions ont empêché tout véritable échange sur les sujets essentiels ».

Face à ce blocage, la coalition dite des « hautes ambitions », comprenant notamment 95 pays, a tenté de rallier de nouveaux soutiens. Cependant, l’absence de consensus sur des points fondamentaux, comme les financements pour les pays en développement ou la réduction globale de la production, a entravé tout progrès significatif.

Une situation qui inquiète

Les réactions aux résultats mitigés de ce sommet ne se sont pas fait attendre. Des voix se sont élevées pour dénoncer les conséquences dramatiques de l’inaction. Andrew Yatilman, représentant de la Micronésie, a exprimé son désespoir :

« Si nous continuons ainsi, nous mangerons bientôt du plastique à la place de poisson ».

De son côté, Juan Carlos Monterrey, chef de la délégation du Panama, n’a pas mâché ses mots :

« Le plastique est une véritable arme de destruction massive. Nous ne pouvons pas permettre qu’une minorité d’intérêts nationaux condamne l’ensemble de la planète ».

Une reprise attendue en 2025

Loin de signer l’échec définitif de ces négociations, le sommet de Busan marque une pause dans un processus multilatéral complexe. Une nouvelle session est prévue au printemps 2025. Cependant, les regards se tournent désormais vers deux acteurs majeurs : la Chine et les États-Unis. Ces nations, parmi les plus gros producteurs de plastique, pourraient jouer un rôle décisif dans les futures discussions.

Le contexte politique américain, avec l’arrivée imminente de Donald Trump à la présidence, suscite des inquiétudes quant à l’avenir des engagements environnementaux des États-Unis. Quant à la Chine, sa position ambiguë pourrait s’avérer cruciale dans les mois à venir.

L’absence d’accord global laisse entrevoir des défis environnementaux de taille, mais également des tensions politiques croissantes. La multiplication d’initiatives régionales ou bilatérales pourrait accroître les inégalités entre les pays capables d’agir et ceux qui resteront dépendants des grandes puissances pour lutter contre la pollution.

Dans ce contexte, l’Union européenne et ses alliés doivent maintenir la pression pour parvenir à un consensus. Comme l’a souligné Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer :

« Ce n’est pas le moment de relâcher nos efforts. Nous devons continuer à avancer ».

Alors que les micro-États du Pacifique et d’autres nations vulnérables subissent déjà les conséquences dramatiques de la pollution plastique, le temps presse. Sans réponse immédiate, les dégâts seront irréversibles, tant pour les écosystèmes que pour les populations humaines. L’enjeu dépasse les intérêts nationaux : il s’agit de préserver un équilibre écologique indispensable à la survie de tous.

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