Entre méconnaissance, à priori et jalousie, les raisons ne manquent pas pour critiquer le pays hôte du Mondial 2022.
C'est un fait : le décalage entre la perception et la réalité de ce qu'est le pays organisateur de ce Mondial 2022 est réel. Certes, il est peut-être en partie dû à un certain manque d’humilité des Qatari eux-mêmes. Or comme on ne prête qu'aux riches, l’influence majeure qui leur est prêtée contribue à les empêcher de se faire entendre. Pourquoi une telle méfiance ? Au fond, la cause profonde de la mauvaise image du Qatar est peut-être une certaine forme de jalousie, notamment de la part de ses voisins, quant à sa success story. Et il suffit parfois de quelques péchés d’orgueil et de quelques erreurs de communication pour ruiner des années de travail sur l’image de marque d’un pays à l’international.
Le Qatar, cet inconnu
En toute sincérité, hormis les supporters du Paris-Saint-Germain, qui peuvent lui dire merci depuis le rachat du club, qui connaît vraiment le Qatar en France ? Si l’émirat a encore une mauvaise image dans l'Hexagone, c’est bien souvent faute d’être vraiment connu. Cela va sans aucun doute changer avec l’organisation de la Coupe du monde 2022 de la FIFA. D'autant plus que les relations entre France et Qatar sont aussi nombreuses que denses, entre sports, commandes d’Etat et mécénat culturel.
En cette fin d’année, un pays à peine grand comme l’Ile-de-France va recevoir un million de supporters en quelques semaines et retenir l’attention de milliards d’amateurs de football. Comment imaginer un plus grand succès géopolitique que celui-ci ? Mais alors, pourquoi l’image du Qatar demeure-t-elle aussi mauvaise dans l’imaginaire collectif ? Le mépris des pays occidentaux à l'égard des pays arabes est sans doute à prendre en ligne de compte. Pourtant, les pays non-occidentaux sont tout-à-fait légitimes à organiser des compétitions sportives de premier plan. Comme l’a récemment souligné Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), sur l’antenne de Radio Classique, « comme le Qatar est un tout petit pays très riche, cela prête à toutes les suspicions ».
Un tout petit pays aux grands moyens et grandes ambitions
Même s’il reste inévitablement des problèmes à régler, en à peine un demi siècle, le bond en avant effectué par l’émirat est tout simplement incroyable. Entre 2010, année de sa sélection comme pays hôte, le pays est passé de 2 à près de 3 millions d’habitants, dont seulement 10% de Qatari. Une explosion démographique due selon Pascal Boniface « à l’augmentation des moyens et aux multiples projets dans le sport et bien d’autres domaines ». Mais ces régimes du golfe qui n'ayant pas « les mêmes notions et normes démocratiques que nous » se trouvent plus que de raison soumis aux critiques, notamment de corruption. Des accusations « jamais prouvées », sauf en 2006 lors... du Mondial italien, rappelle à juste titre le directeur de l’IRIS. Au final, estime le politilogue, la défiance du grand public quant à l’organisation de ce mondial au Qatar va surtout « dépendre de la sensibilité nationale et personnelle » dans chaque pays.