François Hollande n’a pas eu tort de dire, dans ses voeux, que tout pouvait basculer en 2017. La présidentielle qui s’annonce en donne la meilleure preuve. Qui peut, à ce stade, pronostiquer ne serait-ce que de façon à peu près sûre le nom des trois candidats qui ont une chance de décrocher une place sur le podium?
La vague des challengers qui déjouent les sondages d’opinion
Après le triomphe du Brexit en Angleterre, puis de Trump aux Etats-Unis, puis de Fillon à la primaire de la droite en France, une chose est sûre et acquise: il ne faut surtout pas faire confiance aux sondages.
Ce matin encore, l’un d’eux annonce un trio pour les présidentielles: Macron, Fillon, Le Pen. C’est absurde, évidemment. Le candidat du PS n’est pas encore connu. Son intronisation changera la donne à gauche. D’ailleurs, Cambadélis (mis en difficulté dans sa propre circonscription par la fille de Gérard Filoche) a annoncé que le vainqueur de la primaire ne se retirerait pas au profit de Macron. Dans l’hypothèse où ce dernier serait réellement, courant avril, en position d’atteindre le second tour, le maintien d’un candidat socialiste constituera une sérieuse épine dans le pied…
Or la candidature de Hamon produit au PS le même effet que celle de Fillon à droite. C’est un challenger sur qui personne n’aurait parié et qui est parvenu, par une posture assez semblable à celle de son rival de droite d’ailleurs, à créer un frémissement dans la campagne. Le scrutin dira quelle est son ampleur exacte, mais une surprise n’est pas exclue.
De son côté, Mélenchon n’est pas en reste et il est bien trop tôt pour le disqualifier, là encore. Sa présence sur les réseaux sociaux montre qu’il pourrait modifier la donne. Il y rencontre en effet un véritable succès d’audience.
Personne n’a véritablement commencé sa campagne
Pas encore de candidat socialiste donc. Du coup, en dehors d’Emmanuel Macron qui est obligé de partir en tête, personne n’a commencé sa campagne. Fillon attend de savoir qui il aura devant lui pour se positionner. Le discours ne sera évidemment pas le même s’il a face à lui des sprinters appelés Macron et Valls qui se tirent la bourre entre eux, ou s’il a une gauche mieux répartie entre Hamon (ou Montebourg) et Macron sur sa droite, Mélenchon, sur sa gauche.
Par voie de conséquence, Marine Le Pen n’a pas non plus commencé sa campagne. Donc, nous arrivons au mois de février, et les caciques de l’exercice en sont encore, pour les plus avancés, à l’élaboration de leur programme.
Cette situation est inédite. Elle est largement due à la date tardive des primaires de la gauche. Elle donne l’étrange sentiment d’une ouverture totale à l’aventure.
4 ou 5 personnages de présidentielle en quête d’électeurs
Donc, le premier tour de mai 2017 risque bien de tourner autour de 5 candidats dont l’ordre est difficile à établir aujourd’hui: Fillon, Le Pen et Mélenchon son acquis. Macron devrait aller jusqu’au bout. Mais si le candidat socialiste qui sortira des urnes de la primaire fait une bonne campagne, il risque de pousser ce dernier à une alliance, plutôt qu’à une aventure sans lendemain. Que serait Macron au soir du premier tour, s’il arrivait quatrième ou cinquième? Plus grand chose, et ses soutiens socialistes, d’ailleurs timorés, le délaisseront sans vergogne.
Donc, le premier tour se jouera à 4 ou 5. Plus que jamais, et c’est très bien pour la démocratie, la campagne sera déterminante pour le résultat du scrutin. Avec un peu de chance, nous bénéficierons même d’une participation record…
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog